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12/11/2020
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Océane Laleu et Thierry Gatelier fouillent méthodiquement les hautes herbes bordant le ruisseau du Bernin à Vert. Bien loin d’une chasse au trésor, l’étudiante en Master 2 d’écologie et l’agent du service Patrimoine naturel du Département des Landes recherchent des crottes de campagnol amphibie. De couleur verte, disposées en petits tas, elles sont des marqueurs de la présence de ce petit rongeur. Autres indices traqués par les deux naturalistes : le réfectoire, c’est-à-dire les restes de repas (molinie, jonc, laîche) de ce mammifère herbivore ; les coulées, petits tunnels façonnés par le passage régulier du campagnol dans les herbes ; les nids ou les terriers. En revanche, « les empreintes offrent moins de certitudes, car elles ressemblent à celles d’autres rongeurs », explique Thierry Gatelier.
En amont de la phase de terrain, le travail préparatoire est essentiel. Dans un premier temps, Océane étudie les données recensées par l’Observatoire de la faune sauvage de Nouvelle-Aquitaine (FAUNA), afin de connaître les zones de présence du rongeur préalablement identifiées dans les Landes. En bordure de celles-ci, elle repère, à l’aide de photos aériennes, des sites potentiellement favorables. L’étudiante a des critères dictés par le mode de vie de l’animal : « on privilégie des milieux ouverts, c’est-à-dire non forestiers, situés au bord de l’eau. Il faut un courant lent, une végétation, herbacée, hygrophile, d’au moins 30 centimètres de haut car le campagnol peut ainsi se cacher de ses prédateurs, tels que la chouette hulotte. Le terrain doit être meuble, propice au creusement de galeries ». Élément indispensable du protocole scientifique, elle rédige ensuite une fiche terrain, sur laquelle elle consignera ses observations.
Sur place, elle trace un transect, une ligne de 100 mètres qu’elle explore minutieusement pour valider, ou non, la présence du campagnol amphibie. Ce processus, la Dunkerquoise d’origine l’aura répété près de 300 fois à travers les Landes lors des 9 mois de sa mission au Département. Sans jamais voir l’animal, se contentant des multiples traces de son existence. Thierry Gatelier, tuteur de l’étudiante, balaie les clichés - plein air et liberté - du métier : « Il y a des côtés plaisants, mais c’est un travail qui peut paraître répétitif, fastidieux. La rigueur est indispensable, parce qu’un relevé mal fait ne peut être comparé aux autres et altère la qualité globale de l’étude ».
Le résultat de ce travail de fourmi ? Une cartographie des aires de présence du campagnol amphibie dans les Landes. Elle dresse « un état zéro, une photographie de la situation en 2020, qui servira de point de référence à l’avenir ».
Le petit rongeur apparaît essentiellement sur le plateau landais, un triangle géologique formé lors de la dernière période glaciaire, et dont les sommets sont la pointe du Médoc au nord, Nérac à l’est et Bayonne au sud. Soit les deux-tiers du département. « Il y a des données de présence jusqu’au marais d’Orx. Par contre, je n’ai rien trouvé au sud de l’Adour, à l’exception d’indices à Sorde-l’Abbaye », précise Océane Laleu.
Le campagnol amphibie existe seulement au Portugal, en Espagne et dans un grand quart sud-ouest de la France : « c’est une espèce endémique qui a une aire de répartition extrêmement limitée, ce qui confère au Département des Landes une responsabilité de conservation à l’échelle mondiale, d’où l’importance de ce travail de repérage », justifie Thierry Gatelier.
Le saviez-vous ?
Sur les 61 espèces composant le Top Nature 40 (33 animales et 28 végétales), le service du Patrimoine naturel du Département des Landes en a sélectionné 10. À l’image du campagnol amphibie en 2020, chacune d’entre elles fera l’objet d’une étude cartographiée. L’anagallis crassifolia, plante herbacée également appelée mouron à feuilles charnues, a inauguré la série en 2018.
La campagne 2019 a porté sur la grande mulette, une moule d’eau douce en voie de disparition vivant dans quelques très rares cours d’eaux landais. C’est dans cette optique que des puces électroniques vont être prochainement posées sur quelques individus de cette espèce, demeurant dans le Luy, à Saugnac-et-Cambran.
Pour aller plus loin
Les sites du département