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Agir face au recul du trait de côte

25/02/2021

971 vues

© S. Zambon | Dpt 40

Devant l'érosion marine qui grignote plages et dunes, les stratégies locales consistent surtout à ré-ensabler les sites concernés, tout en œuvrant à la relocalisation de biens menacés.

Vers Vielle-Saint-Girons ou Lit-et-Mixe, on parle d'une dizaine de centimètres perdus chaque année. Mais sur les trois zones classées prioritaires que sont Biscarrosse, Mimizan et Hossegor-Capbreton-Labenne, c'est un recul annuel de plutôt un à deux mètres qui ressort des études (et jusqu'à 10 à 20 m par endroit lors des tempêtes de l'hiver 2013-2014). Ces calculs qui donnent une idée de l'ampleur du problème, « ne tiennent toutefois pas compte des rechargements en sable qui ont pour effet de contrer ce phénomène naturel », explique Lionel Fournier, de la direction de l'Environnement au Conseil départemental des Landes.

By-pass à Capbreton

Chaque année, en effet, des tonnes et des tonnes de sable sont déplacées par l'homme pour atténuer le processus. A Capbreton par exemple, le système unique en Europe de by-pass hydraulique, utilisé en Australie, permet, depuis 2008, de transférer des dizaines de milliers de mètres cubes de sable de la plage de Notre-Dame, située au nord et protégée par la digue, vers les plages sud. Actuellement des travaux sont d'ailleurs menés sous le canal pour réparer une fuite dans l'installation. Le by-pass devrait donc fonctionner à nouveau dès avril pour recharger les plages de l'Estacade à la Piste.

A Biscarrosse, les transferts se font par camion, avec toujours le même principe : puiser dans les zones d'accrétion (accumulation de sédiments) pour renflouer les zones d'érosion. 

À Biscarrosse © S. Zambon | Dpt 40

On prend le sable au sud, au plus près de l'océan, pour le remettre en pied de dune au nord et faire une zone tampon. Lors des fortes marées suivantes, ce sable-là (autour de 70 000 m3 transférés chaque année) est repris - au lieu de creuser la dune – et se redéploie en contribuant à rehausser la plage.

Citation de Vincent Bawedin, chargé de mission à la gestion du trait de côte à la Communauté de communes des Grands Lacs

Depuis le 1er janvier, déjà quatre sessions de rechargement ont eu lieu, grâce à 8 camions et 4 pelles. « C'est un record », estime l'ingénieur, pointant les conséquences des tempêtes successives rapprochées de cet hiver qui rappellent la triste saison 2013-2014. 

L'idée générale sur tout le littoral landais est de rester dans des actions de lutte souples de ce type sans créer de nouveaux ouvrages (enrochements ou digues plus coûteux et contreproductifs) afin de préserver la nature. Seul l'existant est consolidé comme, par exemple, à Mimizan, où les digues protégeant l’embouchure du Courant souffrent des impacts des vagues et marées.

À Mimizan © S. Zambon | Dpt 40

Le défi des relocalisations de biens

Autre défi majeur, les relocalisations de biens ou activités menacés, tous les territoires étant concernés à plus ou moins long terme. L'Hôtel de la Plage et les deux chalets emblématiques de Biscarrosse, appartenant à une vingtaine de copropriétaires, en sont le parfait exemple. « Il n'y a plus trop de temps à perdre, un certain nombre de sites de repli ont été trouvés, c'est en discussion, ça avance », résume M. Bawedin, alors que le GIP littoral Nouvelle-Aquitaine pilote la démarche. 

La question se pose aussi à Mimizan ou à Vieux-Boucau avec des études prospectives lancées sur certains bâtiments. « La tempête de 2014 a mis tout le monde devant des difficultés qu'on n'imaginait pas avant », fait valoir M. Fournier.

A Capbreton, les projections à plus long terme montrent la nécessité de se pencher sur le devenir de quartiers entiers, comme au niveau des habitations derrière les plages du Santocha aux Océanides, qui courent un vrai risque dans les prochaines décennies. A l'horizon 2050, le recul du trait de côte est estimé à 50 mètres par l'Observatoire de la Côte aquitaine.

Le saviez-vous ?

Depuis plusieurs années, le Département, qui n'est pas maître d'ouvrage en la matière, intervient au titre de la solidarité territoriale, et soutient financièrement les communes ou collectivités de communes qui se lancent dans des stratégies locales, déclinaisons de la stratégie régionale menée par le GIP Littoral, elle-même déclinaison de la stratégie nationale dédiée au trait de côte.

Les Landes sont le seul département de l'ex-Aquitaine à financer ces stratégies locales à hauteur de 10 %, ce qui représente un coût aux alentours de 500 000 euros chaque année.

A Biscarrosse par exemple, le plan d’actions 2018-2021 de la stratégie locale s’élève à plus de 2,2 millions d’euros, financé grâce à un partenariat avec l'Europe via le FEDER (58 %), la CC des Grands Lacs (20 %), la Région Nouvelle-Aquitaine (10 %), le Département des Landes (10 %) et l'Etat (2 %).
 

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