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05/05/2021
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« J’aime bien travailler ici », sourit Morgane. À 20 ans, la jeune femme, qui souffre d’un retard mental accompagné de problèmes de motricité fine et d’une légère déficience visuelle, n’a jamais pu rentrer dans les apprentissages malgré de longues années en Institut médico-éducatif (IME). Alors, elle se plie avec enthousiasme aux différents exercices imaginés par Mariline Morin. Celle-ci combine les méthodes des Alphas (de petits personnages qui ont la même forme et font le même son que les lettres) et Borel-Maisonny (les sons sont associés à des graphies et à des gestes). Elle s’appuie sur de multiples supports, figurines, livres, dessins, coloriages, car « plus la concentration est limitée, plus on doit varier les exercices ». Et y ajoute une bienveillante patience, prenant le soin de répéter, d’écouter son élève, de rire avec elle. Sabrina, la maman de Morgane, se réjouit « qu’il y ait encore des gens humains, comme Mariline, qui veulent faire évoluer les personnes en situation de handicap. Ma fille est demandeuse, mais à l’IME, on m’a répondu qu’elle était trop âgée, qu’on ne pouvait rien faire. Or, je vois une jeune adulte qui a envie, qui ne baisse pas les bras. Il faut continuer à se battre ».
Mehdi, lui non plus, n’a jamais renoncé. Ce cuisinier à l’ESAT* du Conte a fréquenté différents établissements, essayé plusieurs méthodes qui « ne fonctionnaient que deux ou trois semaines ». Son sourire se fige lorsqu’il évoque « les commentaires méchants des adultes » : « les paroles font plus mal que les coups ». À bientôt 30 ans, il reprend espoir et confiance en lui. Malgré 5 mois d’interruption de ses leçons en raison d’une santé fragile, il parvient à lire de petits bouts de phrases : « un jour ou l’autre, je saurai lire et compter. Si j’ai des enfants, je pourrai leur apprendre. Et peut-être sortir de l’ESAT pour travailler dans la restauration normale ».
Au total, Mariline Morin accompagne bénévolement 6 adultes porteurs de handicap. À raison d’une à deux séances par semaine, elle leur donne des cours personnalisés, adaptés au rythme et aux centres d’intérêt de chacun. Elle met à leur service une expérience forgée auprès de son fils Louis, atteint d’un autisme lourd rendant compliquée une scolarité conventionnelle. En 2009, elle se met en disponibilité de son travail au Conseil départemental pour lui faire l’école à la maison. Armée de beaucoup d’amour et de la conviction que « ce n’est jamais la faute de l’enfant s’il a des difficultés à apprendre, c’est parce qu’on ne sait pas faire auprès de lui », elle se documente énormément, pioche dans diverses méthodes, fabrique ses propres supports éducatifs. Aujourd’hui, Louis, âgé de 21 ans, a acquis un petit niveau de lecture et d’écriture et travaille dans un ESAT.
Grâce à sa rencontre avec Jean-Baptiste Savary, ancien président de l’Université populaire des Landes (UPL), Mariline signe avec cette structure une convention qui lui permettra, à terme, de valider un diplôme d’État d’accompagnant éducatif et social (DEAES). Pour Aurore Darros, présidente de l’UPL, cet enseignement « rentre tout à fait dans le cadre de nos valeurs. Mariline vient nous rappeler que la vie ne s’arrête pas quand on devient majeur en situation de handicap. Son action est belle, généreuse, courageuse. C’est valorisant pour les personnes en situation de handicap, qui ne savent plus où s’adresser, de suivre un cours à l’UPL. Cela les aide à retrouver l’estime d’eux-mêmes. La dignité humaine et l’humanisme sont les valeurs premières de l’UPL ».
Lorsqu’elle aura acquis son diplôme, Mariline aimerait réintégrer le Conseil départemental afin de proposer des apprentissages à de jeunes adultes illettrés en situation de handicap. Pour l’heure, elle prépare pour le mois de mai des ateliers de jeux de rôle sur les expressions faciales. Le but : donner à ses élèves les clés pour décrypter certaines situations et ne pas se mettre en danger en parlant à des inconnus ou en suivant n’importe qui.
* ESAT : Établissement et service d’aide par le travail. Cette structure permet aux personnes en situation de handicap d'exercer une activité professionnelle tout en bénéficiant d'un soutien médico-social et éducatif dans un milieu protégé.
L’Université populaire des Landes
L’Université populaire des Landes, qui fêtera ses 40 ans en octobre prochain, délivre une Capacité en droit. Malgré les confinements, les 15 étudiants inscrits ont pu passer leur diplôme, souligne Aurore Darros : « nous avons tenu bon dans un climat hostile. Lors du premier confinement, les cours ont repris au bout d’une semaine grâce à l’efficacité des équipes pédagogiques de l’université de Pau et des Pays de l’Adour. L’ALPI nous a fourni des ordinateurs afin que les étudiants puissent suivre les enseignements depuis leur domicile. Il a fallu simplement s’adapter un peu pour passer les examens ».
L’atelier dispensé par Mariline Morin a pu être maintenu avec l’autorisation de la Mairie de Mont-de-Marsan. Seules les conférences ont été arrêtées et reprendront après le 19 mai. « On a utilisé l’état de veille pour préparer un calendrier de conférences portant sur des thématiques universitaires : archéologie, sociologie, histoire, philosophie, sexologie, anthropologie. C’est ce que l’on s’efforcera d’amener aux Landaises et aux Landais », se félicite Aurore Darros.
Enfin, depuis le 3 mai, l’UPL propose un nouveau module. Estelle Martinez, professeur au collège de Labrit, donne des cours de français à des adultes en situation de dyslexie ou qui n’ont pas écrit depuis longtemps. Il reste encore 4 places disponibles.
En 2021, le Conseil départemental prévoit une subvention de 14 000 € pour l’Université populaire des Landes.
Infos pratiques
Localisation
Université populaire des Landes
5 rue du 8 mai 1945
Maison des associations René-Lucbernet
40000 MONT-DE-MARSAN
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