Le Village landais Alzheimer, toujours aussi attractif pour le reste du monde

Un des producteurs de ce projet de long documentaire est le cinéaste japonais Hirokazu Kore-eda, qui a remporté la Palme d'or au Festival de Cannes en 2018 pour Une affaire de famille, lui qui a connu la maladie d'Alzheimer chez son grand-père sans vraiment savoir à l'époque ce que c'était. Si le vainqueur, également sur la Croisette, du Prix du scénario pour L’innocence en 2023, n'est pas actuellement dans les Landes, son équipe tourne au Village Henri Emmanuelli pendant huit jours en cette mi-juillet, accompagnée de la coordinatrice-interprète Akiko Kobayashi qui travaille à Paris depuis 20 ans, notamment pour NHK.

200 sollicitations médias dont la moitié à l'international

« Au Japon, nous avons environ 30 % de la population constituée de personnes âgées, et il est estimé qu'un cinquième pourrait développer une forme de démence, explique le coproducteur Naoki Morita. Nous voulons montrer ce qui se fait de très intéressant ici, notamment le respect de la vie d'avant, la liberté de pouvoir continuer ses habitudes en fonction de ses goûts et de ses envies, comme cette dame qui aime cuisiner. » Ce jour-là, les journalistes ont en effet suivi Brigitte, une résidente qui préparait sa salade de fruits dans sa maison partagée du quartier Bas-Armagnac. Pratiques thérapeutiques innovantes avec le centre de recherche, personnalisation de l'accompagnement, liens sociaux avec les habitants de la commune, travail des bénévoles... Tout sera détaillé dans ce documentaire de 59 minutes dédiée à moitié au VLA et à moitié à un établissement classique au Japon.

Des équipes japonaises étaient déjà venues à Dax faire des reportages plus courts pour les journaux télévisés sur le Village. Et ils sont loin d'être les seuls. Environ 200 sollicitations différentes de médias dont la moitié à l'international, ont été effectuées depuis l'ouverture en 2020. « C'est un sujet de société partout dans le monde et le nombre de demandes est hors normes par rapport à d'autres projets », relève Mathilde Charon-Burnel qui s'occupe des grands projets sociaux et médico-sociaux au Conseil départemental des Landes.

Des visites pour des projets partout dans le monde et en France

Un intérêt médiatique, mais aussi bien sûr des professionnels du secteur venus d'établissements, privés ou publics du monde entier, comme des Portugais, des Suisses, des Australiens, des Américains, et même des membres d'une ONG (organisation non gouvernementale) du Tadjikistan. « La plupart sont des structures privées qui viennent pour repenser, remodeler et améliorer leurs établissements », fait valoir la cheffe de projet. Souvent, ils font un tour d'Europe avec une étape aussi aux Pays-Bas au centre de Hogeweyk qui avait donné l'idée à Henri Emmanuelli de créer le Village à l'époque, en lisant un article dans Le Monde.

Et ces premiers résultats scientifiques encourageants intéressent évidemment aussi des porteurs de projets ou de futurs projets en France, comme les communes de Sainte-Catherine (Pas-de-Calais), Nantes, Châlons-en-Champagne (Marne), Yffiniac (Côte d'Armor), Noyon (Oise) ou les Départements de la Nièvre, du Lot ou de Martinique. 
« Le dénominateur commun est l'envie d'innover dans la prise en charge de la vieillesse, comme à Sainte-Catherine où le projet mêle petite enfance, protection de l'enfance, personnes âgées et malades d'Alzheimer. Les projets s'inspirent du nôtre et l'adaptent à leur territoire, souligne-t-elle. Beaucoup attendent d'ailleurs avec impatience le modèle issu de notre expérimentation avec les recherches de l'Inserm que le Village doit présenter début 2027. »