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Comme un aboutissement du travail d'une année, la première de La Flûte Enchantée, le plus connu des opéras de Mozart, a véritablement ouvert, le 16 juillet dans une salle Roger Hanin de Soustons archi-comble, la 23e édition du festival Opéra des Landes, au lendemain d'Impromptu soprano à la chapelle de Moliets-et-Maâ.
Pamina, Tamino, Papageno, Papagena et la Reine de la Nuit, chanteurs lyriques épatants, les violons, violoncelles, contrebasse, le chœur de l'Opéra des Landes, tous ont excellé dans un jeu de couleurs et d'apparences, de l'ombre à la lumière. Voilà une « œuvre très colorée dans une époque où on a besoin de couleurs », a relevé Yassine Benameur, le directeur artistique qui, après cette ouverture sur scène, a rejoint son siège pour assurer le sur-titrage en direct. « J'aime cette idée d'être des artistes-artisans, en touchant tous les corps de métier », assume le baryton ingénieur informatique qui avait chanté l'an passé dans l'adaptation de Carmen Al-Andalus même si c'était « difficile d'avoir les deux casquettes » de chanteur et d'organisateur.
Ils sont quelque 200 personnes, artistes amateurs et professionnels recrutés en audition nationale, techniciens, costumières, bénévoles, etc., à faire en sorte que le festival garde la qualité qu'on lui connaît depuis des années. À la généreuse table du repas d'avant spectacle, la mezzo-soprano Nathalie Schaaff qui joue, quelques jours plus tard à Soustons, Métella dans La Vie parisienne d'Offenbach, est pour ce soir assistante de mise en scène pour changer les décors et chanter dans les chœurs aussi : « être ici, à deux pas de l'océan, ce n’est pas des vacances mais presque ! » « À 10 heures par jour de travail quand même ! », rit à ses côtés sa fille Alexandrine Rouillé, contrebassiste venue de Genève pour l'occasion : « train, logement, nourriture, tout est organisé, on n'a rien à penser ! »
Ça, c'est le rôle des bénévoles sans qui un tel festival, comme tous les autres, ne pourrait pas avoir lieu. Marie-Claude Delattre y participe depuis plus de 20 ans et sa première l'année de Rigoletto, rejointe il y a 10 ans par Françoise Gasser. « On chantait ici à la même chorale du Chœur d'Albret – pas lyrique – plutôt variétés françaises », se rappellent-elles, devant la Reine de la Nuit qui vient de leur apporter des petits gâteaux et un mot sympa : « on lui a trouvé un lit bébé pour sa fille ! »
« Nous ne sommes que des petites mains », disent-elles très modestement. Parmi leurs tâches : trouver les logements les mois précédents, réserver les gîtes, organiser les voyages, faire taxi pour chercher les artistes à la gare « avec une voiture adaptée si un violoncelle arrive », acheter des bananes aux chanteurs pour tenir tout le spectacle et « ne pas y penser quand les magasins sont fermés ! », assurer l'accueil du public, des invités, aider au bar... Au total, six bénévoles travaillent à l'année pour le succès du festival, et 15 de plus pendant les dix derniers jours de juillet. « Sans eux, le festival ne peut pas fonctionner, sinon on devrait engager des gens et ce serait impossible au niveau budgétaire », salue Yassine Benameur.
Autre soutien indéfectible, le Département des Landes, « le subventionneur qui nous donne le plus d'argent », autour de 35 000 € sur un budget de 280 000 € (68 000 € de recettes de billetterie), qui permet de garder un tarif accessible pour « motiver les gens à venir pour voir le spectacle vivant ». Dans ce partenariat, l'idée a toujours été d'étendre les actions culturelles autour du chant lyrique et de la musique classique auprès des plus jeunes comme cette année dans les collèges de Dax, Estibeaux, Labenne ou Capbreton. Et aussi auprès des publics qui n'auraient pas l'idée de pousser la porte du théâtre, avec les Impromptus dans des parcs et jardins ou à la plage durant le festival pour « porter la culture à tous là où ce n'est pas habituel ».
En tout cas, à peine cette 23e édition achevée, le travail recommence presque aussitôt pour l'an prochain. « On fait tout de suite le bilan d'activité et le rapport financier pour rendre les comptes aux subventionneurs, note Yassine Benameur. Après, on commence directement à programmer le festival suivant dès novembre, avec les auditions des artistes, les engagements, etc. La programmation, c'est moi qui m'en charge jusqu'à la fin de l'année. Il faut vraiment anticiper, avec les chefs d'orchestres, les metteurs en scène et les artistes pour définir l'offre qui sera jouée ».
Dès janvier, l'organisation se met en branle, des billets de train des chanteurs et musiciens à la recherche des traiteurs. « C'est un travail de longue haleine, on cherche par exemple à réduire le plastique pour les repas avec notre charte d'écoresponsabilité », confie Xavier Lafarie, secrétaire général de l'association Opéra des Landes et responsable du bar pendant le festival : « cette année, on est déjà très content d'avoir mis à la vente des gourdes réutilisables ».
Après cette période, revient le temps des demandes de subventions, puis la communication avec une soirée de présentation en avril... Bref, toute une mécanique bien rôdée. Tout comme l'est celle du festival 40 en Paires à Mugron, avec toujours l'idée de toucher un maximum de public de tous horizons. Pour ce faire, « la programmation est très variée avec beaucoup d'arts de rue pour tous, et des animations pour les enfants. On a entre 150 et 300 personnes qui viennent assister à chaque représentation », fait valoir Amélie Dublanc, salariée chargée de mission du spectacle vivant à l'association Entracte, organisatrice du festival des duos en tout genre qui fête sa 21e édition cet été, jusqu'aux 23 et 24 août.
Ce soir du 23 juillet, sur la chaleureuse place de la Laïcité de Mugron, derrière la mairie, un spectacle de jongles de la Compagnie Tout par terre met en scène un barman et son unique client dans des situations improbables, puis un concert rock intense avec les Bordelais de Blackbird Hill fait résonner une guitare aux riffs massifs et une batterie groove. Juste avant, de belles tablées de spectateurs et artistes se sont formées autour d'un bon repas préparé par les bénévoles.
Au menu à tout petit prix, salade de pommes de terre oignons ou salade « trois couleurs » betteraves-maïs-pommes, chistorras grillées par Alain à la plancha, et fromage brebis, avant les crêpes et glaces artisanales. « Tout est fait maison. Les artistes savent qu'ils mangent bien ici. On fait de gros repas jusqu'à 70 personnes le vendredi soir, 80 à 100 le samedi midi », témoigne Gilou, une des cuisinières bénévoles au côté de Marie-Hélène et Lionel. Et le samedi soir, ça peut monter à 500 couverts, en faisant appel à des food trucks.
Côté volontaires, ils sont jusqu'à une centaine à assurer le roulement indispensable au bon fonctionnement de la vingtaine de spectacles étalés sur l'été. « Comme partout, ça ne peut pas marcher sans eux », souligne Jean Dangoumau, un des plus anciens, responsable de la programmation à l'association : « tout un tas de gens viennent donner un coup de main, notamment des migrants afghans et africains qui sont logés à Mugron, et aussi un paquet de jeunes qui donnent des heures de bénévolat pour recevoir l'aide au permis de conduire du Conseil départemental » qui aide aussi, par ailleurs, beaucoup le festival (20 % environ de subventions départementales sur un budget de 70 000 €). Helena, Lana et Simon sont parmi ces jeunes : « ce soir, on peut aider pour l'entrée du public, ou servir les glaces par exemple. C'est plutôt sympa ».
Au départ, Entracte est née pour pérenniser le cinéma du village aux 1 400 habitants, classé art et essai et qui fonctionne encore tous les jours, avec une quinzaine de projections par semaine (13 000 entrées en 2023). Les gens qui ont créé l'association ont voulu élargir le champ d'action au spectacle vivant en créant une saison culturelle à l'année puis le festival 40 en Paires pour faire vivre le territoire, y compris l'été.
Pour elle, septembre marquera le début des vacances, avant de repartir sur les futures programmations du 22e festival 40 en Paires l'été prochain. Pour des duos toujours plus entrainants, loufoques ou attachants.
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