Banksy au service de la cause sociale

Une petite fille brûlée au napalm, entourée de Mickey et Ronald McDonald, un mirador de l’armée israélienne transformé en manège pour enfants, le visage d’un singe substitué à celui d’Élisabeth II ou l’emblématique pochette d’album de Blur, ce sont quelques-unes des images chocs qui ont fait connaître Banksy et que le public pourra découvrir du 5 au 20 octobre dans les locaux en chantier de la résidence sociale Grândola à Tarnos. 

Plus de 250 œuvres et objets militants, rassemblés par le collectionneur et comédien François Bérardino, dit « Béru », seront exposés pendant quinze jours dans les futurs espaces de diffusion culturelle et du restaurant solidaire de la résidence, à l’initiative des maîtres d’œuvre XLHabitat et le COL (Comité ouvrier du logement)en partenariat avec la Ville de Tarnos. 

La collection, dédiée au graffeur mondialement connu mais dont l’identité reste un mystère, regroupe des sérigraphies, pochettes d’albums, pochoirs, affiches et cartes postales comme autant de cris du cœur contre les dysfonctionnements du monde.

Un univers engagé et cynique que Béru a découvert en 2007, lors d’un passage à Londres. « Par hasard », raconte-t-il, alors qu’il demande son chemin, il sympathise avec un homme qui l’invite à visiter son atelier : « on a échangé, il m’a offert deux petits formats, mais je ne savais pas qui c’était. Ce n’est que quelques mois plus tard, en feuilletant son livre « Wall and Piece » chez des amis, que j’ai compris que j’avais rencontré Banksy ».

Intrigué, Béru s’intéresse alors à l’œuvre de l’artiste, sensible à ses messages de paix et à ses critiques de la société. En 17 ans de recherche passionnée, dénichant des visuels officiels à des prix encore accessibles principalement sur des sites marchands, il va constituer une étonnante collection. Avec quelques complices, il fonde le collectif « Banksy Modeste Collection », dont l’objectif vise à transmettre l’esprit de solidarité de l’artiste et à lever des fonds pour des associations à travers des expositions itinérantes, sans but lucratif. « Vous ne verrez jamais de boutiques ou de ventes d’œuvres dans nos expositions. Ce n’est pas le but. En revanche, on incite les visiteurs à faire des dons que nous reversons aux associations », assure le collectionneur.

Derrière l’exposition se cache en réalité une ambition plus vaste : fédérer des associations elles-mêmes engagées et solidaires. « Notre boulot a consisté à élaborer une programmation et convaincre une quarantaine de structures landaises et basques qui militent pour le droit au logement ou contre les discriminations, des associations LGBT et d’autres qui se battent pour la protection de l’environnement, de rejoindre le projet », précise Didier Lasplacettes, président de l’association d’éducation populaire dédiées aux musiques actuelles La Locomotive. 

Les associations ou dispositifs tels que Nos couleurs, La Maison du logement, Les Graines du futur ou AEJ-XL pour n’en citer que quelques-uns, participent ainsi à l’animation de l’événement en faisant venir « des bénévoles qui accueillent les visiteurs ou assurent la médiation, et chaque structure est encouragée à parler de ses actions et de ses victoires », ajoute le président de La Locomotive. 

La programmation inclut des performances de musiciens, DJ et graffeurs locaux, qui rythmeront gracieusement l’événement, transformant le lieu en un espace de partage communautaire. « Grândola a été choisi pour sa symbolique. C’est un programme immobilier 100% social avec 107 logements et la création d’un lieu de diffusion culturelle. Par cette entrée, on parle aussi des discriminations, de la solidarité et du droit à l’accès à la culture pour tous », précise Didier Lasplacettes.

Ces associations trouvent ici un espace d’expression et de rencontre, pour créer des synergies, initier des collaborations et nouer un dialogue durable autour de la solidarité. « L’exposition est un prétexte à appréhender les choses qui se passent dans le monde, à ouvrir les yeux et les sensibilités et bien sûr à créer des liens et faire comprendre qu’une accumulation de petits détails peut changer des vies », assure Patricia Romanet-Faucon, de la nouvelle association tarnosienne Les Graines du futur.

Car l’objectif est clair poursuit Didier Lasplacettes : « nous voulons faire de cette exposition un point de départ pour trouver de nouvelles opportunités entre associations et structures. Ensemble nous serons plus fort ! ». À en juger par l’effervescence que suscite l’exposition, la « Banksy Modeste Collection » semble bel et bien transformer l’art en outil de mobilisation sociale.

Infos pratiques

Résidence Grândola, boulevard Duclos à Tarnos
De 11h à19h - Nocturnes les 5 et 19 octobre jusqu’à 22h
Entrée gratuite.
Chaque exposition est l’occasion d’une édition d’art en tirage limitée. Une sérigraphie est offerte à partir de 120 € de don.