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Les SIAE, un tremplin vers l'emploi

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En ce mois de novembre dédié à l'Economie sociale et solidaire, plongée au cœur des structures d'insertion par l’activité économique (SIAE) qui remettent sur les rails des gens éloignés de l'emploi.

10/11/2021

© S. Zambon | Dpt 40
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Quand elle est arrivée dans les Landes en 2015 à 47 ans, Valérie Sopranzi sortait d'années difficiles en Charente-Maritime où elle travaillait comme couturière pour de grandes maisons. Accident du travail, mise au placard et burnout, le cycle infernal. « Ma sœur habitait ici, j'aimais bien mais je ne savais pas ce que je pourrais y faire », se rappelle la professionnelle qui a démarré sa nouvelle vie au milieu des pins, par des ménages et des gardes d'enfants. « Je n'avais rien, je voulais créer ma microentreprise, j'ai eu une formation avec Tec Ge Coop, et un contrat à Art Haute Lande. C'était inespéré, je craignais qu'il n'y ait pas de débouchés ici », dit-elle, devant des sacs cabas chics créés sur place, des tabliers de chef faits maison et des machines à coudre high-tech (financées par des fonds européens).

La réinsertion par la couture, le bâtiment ou les recycleries

Conventionnée Atelier Chantier d'Insertion par l'Etat, Art Haute Lande (pour Artisanat, Récupération, Tradition) est une association créée en 1993 à Sabres, spécialisée dans la couture, les retouches, les broderies personnalisées ou encore le repassage, pour les particuliers, associations locales, clubs sportifs et collectivités (Ehpad, mairies, etc.), dans une démarche d'économie circulaire, sociale et solidaire.

Ici, dans la charmante maison landaise à colombages bleus du centre-bourg, prêtée par la mairie, on sent une âme faite de chaleur humaine, d'entraide et solidarité. Avec son savoir-faire de 28 ans autour des fils et des aiguilles, Valérie a trouvé là un refuge idéal pour sa reconstruction. Son contrat à durée déterminée d'insertion (CDDI), renouvelable sur 24 mois, s'est depuis transformé en CDI de 32 heures hebdomadaires au sein de l'association. En parallèle, elle a monté sa microentreprise chez elle à Ygos-Saint-Saturnin pour devenir la couturière styliste des villages alentours. 

© La maison à colombages d'Art Haute Lande à Sabres

Entretien hebdomadaire sur son projet personnel

Comme elle, une soixantaine de personnes ont été accueillies en 28 ans d'existence à Art Haute Lande, petite structure d'insertion aux 7 salariés en CDDI et 2 en CDI. Mais nul besoin d'être couturière professionnelle pour y entrer. D'ailleurs, l'association soutenue par le Département et l'Etat, se veut plutôt une étape vers autre chose pour ceux - surtout celles - qui y viennent.

Dans cet atelier comme dans toutes les SIAE, l'idée est de « réussir à remettre un pied à l'étrier à des personnes éloignées de l'emploi, en leur proposant un accompagnement global », explique Mathilde Gavard, responsable d'Art Haute Lande, elle-même accompagnatrice socio-professionnelle. Au contrat de travail de 24 heures sur 3 jours par semaine, s'ajoute un entretien hebdomadaire d'une heure ou deux pour réussir à développer un projet personnel professionnel en levant des freins périphériques (dossier de surendettement, mobilité, accompagnement médico-psychologique, réorientation vers des assistantes sociales ou banque alimentaires, etc.).

 

Preuve du succès de la structure à l'esprit familial, le taux de sorties positives après CDDI est de 60 % depuis bientôt 30 ans. « C'est un suivi au plus près de la personne pour l'accompagner au mieux. On garde toujours un lien pour sécuriser la sortie, on prend toujours des nouvelles », assure Mme Gavard qui, sur l'année écoulée (sa première comme responsable), a vu 3 personnes sortir de l'association avec de jolis projets. Une est partie en formation pour obtenir un diplôme d'État d'accompagnant éducatif et social, un domaine où il y a toujours du travail. Une autre a créé une entreprise dans la couture tout en œuvrant dans une maison d'accueil de personnes âgées. Enfin une femme qui ne travaillait plus depuis 10 ans a trouvé un CDI dans une entreprise de nettoyage : « j'ai dû arrêter de travailler longtemps pour m'occuper de ma fille qui avait des problèmes de santé », témoigne Ethel Vedel, « la couture et moi ça faisait deux, mais je n'avais pas le choix, je n'avais plus de voiture et Art Haute Lande est le seul endroit que j'ai trouvé près de chez moi. Ils m'ont énormément aidée ». Ethel a appris les bases de la couture avec Valérie en six mois de contrat, et gagné à nouveau un salaire par elle-même. 

Avoir son propre argent, ça fait se sentir comme quelqu'un de normal alors que j'étais dévalorisée. J'ai pu économiser et racheter une gazinière. Ils m'ont fait confiance. Grâce à eux, j'ai aussi pu acheter une voiture au garage solidaire de Pontonx. Ils m'ont orientée, aidée au niveau des papiers. Et j'ai fini par trouver un travail ! Je leur en suis très reconnaissante.

Citation de Ethel Vedel, en CDI après 6 mois de parcours insertion

« Avec eux, on prend les choses dans l'ordre, on a le soutien de professionnels pour mettre toutes les chances de notre côté », abonde Sabrina Viel, une trentenaire en reconversion qui vient d'avoir un CDDI à Art Haute Lande et travaille à monter son entreprise de création de prêt-à-porter. 

Créer le réflexe de penser SIAE au quotidien

Dans l'ensemble des 35 structures landaises d'insertion par l'activité économique (SIAE) regroupées en collectif et aidées par le Département, la Région, l'Etat ou l'Europe, 1 355 personnes ont ainsi été accompagnées en 2020. « 25 % de notre public est bénéficiaire du RSA et 11 % sont des travailleurs handicapés », précise Corinne Mulquin, coordinatrice du collectif SIAE Landes. Pour la directrice d’Association Solidarité Travail, « l'objectif est de faire mieux connaître les SIAE comme un tremplin vers l'avenir et l'emploi. Il s'agit aussi de créer des réflexes chez tous les types de consommateurs, de biens comme de services, des partenaires publics aux particuliers et entreprises, pour que chacun pense économie locale, sociale et solidaire et sache quelle SIAE contacter pour quels services ».

Un chantier des compagnons bâtisseurs de Saint-Pierre-du-Mont, à Aire-sur-l'Adour © S. Zambon | Dpt 40

 

Recycleries, collecte-traitement de déchets, nettoyage, espaces verts, jardins d'insertion, maraîchage, blanchisserie, rénovation de bâti, épicerie sociale, portage de repas... bien des domaines sont déjà représentés dans l'ensemble du Département. « Une dizaine de nouvelles structures ont été créées depuis 2012, c'est un secteur dynamique dans les Landes avec un bon accompagnement des porteurs de projets. On ne ferme jamais la porte à quelqu'un qui a une idée », fait valoir Béatrice Darget, chargée de mission IAE au Pôle social à la direction de la Solidarité départementale. 

Le Département donne aussi de l'activité à ces SIAE, par le biais de la commande publique et via la clause sociale qui favorise l'insertion de personnes éloignées de l'emploi sur des marchés publics (nettoyage, espaces verts, travaux publics...). L'office public XLHabitat embauche notamment les Compagnons Bâtisseurs de Saint-Pierre-du-Mont pour des chantiers de rénovation de son parc de logements sociaux. 11 salariés en parcours d'insertion ont, en continu, un contrat de 4 mois renouvelable jusqu'à 24 mois. 

On ne leur demande pas de compétences préalables dans le bâtiment mais qu'ils soient motivés et qu'ils acceptent l'accompagnement global. Ils bénéficient de formations nacelle ou SST (sauveteur secouriste du travail) et sont encadrés par Abdel, chef de chantier et Claire, accompagnatrice socio-professionnelle qui fait le point avec eux chaque semaine sur leur projet. Le taux de sortie dynamique est de 75 %.

Citation de Malou Bory, coordinatrice territoriale des Compagnons Bâtisseurs

Livio Rimbert est entré dans la structure par le bouche-à-oreille dans son quartier de la Moustey à Saint-Pierre-du-Mont : « j'y connaissais rien en peinture, Abdel m'a tout appris. Maintenant, j'ai l'idée d'ouvrir quelque chose à mon compte, on est bien suivi », raconte-t-il sur un chantier de rénovation, route de Guillon à Aire-sur-l'Adour. Egalement originaire de la Moustey, Kévin Latapie, lui, avait déjà travaillé dans le bâtiment de façon informelle, et après plusieurs mois à peindre des murs, refaire des sols et réhabiliter des cages d'escaliers avec les Compagnons, il espère passer bientôt son permis poids-lourds pour se relancer après des années compliquées.

 

Si le bouche-à-oreille fonctionne bien dans certaines structures, d'autres sont à la peine pour recruter. « Il manque parfois de main d'œuvre par rapport à l'activité », admet Mme Mulquin. Les SIAE œuvrent donc à mieux se faire connaître, avec un travail important auprès de leurs prescripteurs Pôle Emploi, Cap Emploi et les Missions locales, ainsi qu'avec la plateforme nationale de l'insertion où se trouvent des offres d'emploi du secteur. Objectif ? Accueillir toujours plus de personnes pour les sortir de leurs difficultés et participer ainsi au développement du territoire, dans un cercle vertueux. 

Le chiffre

58 % des personnes travaillant dans une SIAE landaise trouvent une solution d'emploi ou de formation (sortie dynamique)

Consultez les statistiques 2020 des SIAE dans les Landes (source : INAÉ, association dédiée au développement de l’insertion par l’activité économique en Nouvelle-Aquitaine)
 

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