A Arthous, pour sculpter ses céramiques et délivrer le fantôme de l'abbaye

Sous les colombages traditionnels en bois, derrière les colonnes de pierres de la cour intérieure de l'abbaye, règne une atmosphère calme et apaisante. Devant les mosaïques gallo-romaines de Sarbazan au décor d'oiseaux et de vignes (IVe siècle), une douzaine d'apprentis céramistes s'affairent à sculpter le grès de leur initiale, maniant ébauchoirs en bois, mirettes tranchantes et outils pointus triangulaires, sous les conseils avertis et doux de la céramiste-plasticienne Véro Marchand : « il faut juste creuser pour faire ressortir les entrelacs, pas faire tractopelle ! »

Lettrines et entrelacs

« Nous, on adore tout ce qui est peinture, tableau de perles, etc. on est bricoleuses ! », racontent Wendy et Faustine, en peaufinant leur majuscule à l'ancienne qu'elles pourront venir récupérer bientôt après cuisson et refroidissement. Leurs grands-parents, Michel et Andrée Vieux, de Saint-Pierre-du-Mont, ont trouvé l'activité en traînant sur internet à la recherche d'idées pour occuper intelligemment leurs petites-filles pendant les vacances : « on ne connaissait pas du tout le site d'Arthous. Avant l'atelier, on en a profité pour faire la visite, c'est superbe et l'expo photo (de Claire Artemyz "Au grand galop. Duruthy et l'art des origines") est très belle ».

Les Gélie sont, eux, venus en famille d'Anglet où ces Toulousains sont en vacances. « Avoir un atelier pour les enfants, c'est plus motivant pour les faire venir au musée et profiter du ludique en même temps que du culturel, souligne Carole, la maman. Ca permet de leur donner des notions d'architecture, de leur faire regarder autrement les choses pour mieux s'imprégner des lieux ».

Se poser, donner du temps au temps

Poser un nouveau regard sur l'abbaye, « s'inspirer des décors végétaux, des lettrines du Moyen-Age, des entrelacs qu'on pourrait retrouver sur des enluminures »... cette expérience fait écho à notre environnement, « ça a du sens », fait d'ailleurs valoir Mme Marchand, « en plus c'est un moment très relaxant. Créer une céramique aide à la concentration, un peu comme un Mandala. Cela apprend à se poser, à donner du temps au temps ».

Ca tombe bien, dans l'ancienne abbaye aux murs épais, les ondes passent assez mal. Pas de wifi donc pour l'Escape game qui n'a rien de digital. Le jeu - nouveauté de l'été 2021- a en effet été construit avec la Troupe des 5 de l'Association culturelle de Dax. Pour l'occasion, en ce 26 août comme ce fut le cas en juillet, l'abbaye sera privatisée pour les joueurs qui devront circuler dans tous ses espaces afin de réussir à délivrer le fantôme, aidé par des comédiens. De quoi profiter pleinement des trésors des lieux, notamment les originaux des trois chevaux préhistoriques sculptés, retrouvés dans l’abri Duruthy à Sorde en 1961 et datés d'environ 17 000 ans avant notre ère.

« Le but de ces ateliers destinés aux touristes comme aux locaux est de découvrir ou redécouvrir tout ce patrimoine, en ancrant l'abbaye sur son territoire », souligne Valériane Alexandre, adjointe du Patrimoine du site départemental d'Arthous. D'autres ateliers sont à venir durant l'automne, avec notamment des linogravures et créations d'estampes inspirées des chefs d’œuvres préhistoriques locaux, ou encore de la sculpture sur pierre sur le thème du bestiaire, incluant une visite privilégiée du fonds lapidaire de l'abbaye.