Égalité femmes – hommes : un combat, de multiples batailles

La date est on ne peut plus symbolique : c’est à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes que Gloria Dorval, conseillère départementale en charge de la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes, a fait le point de la situation. Sans masquer les retards et les reculs, y compris au sein même de l’administration territoriale. Mais aussi en soulignant les avancées depuis sa prise de fonction en juin 2019. Avec une détermination intacte, l’adjointe au maire de Heugas a proposé une centaine d’actions opérationnelles à mener d’ici 2023. Articulé autour de 4 axes, c’est « le plan le plus ambitieux jamais présenté devant notre collectivité pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes ».

Tout combat sociétal suppose de faire évoluer les mentalités. La lutte contre les stéréotypes de genre passe par toute une série d’actions préventives, notamment auprès des jeunes générations. Ainsi, en 2020, dans le cadre du dispositif « Culture en herbe », les collégiens de Montfort-en-Chalosse ont travaillé avec une compagnie théâtrale sur le thème de la place de la femme dans la société contemporaine. Même si la crise sanitaire a ralenti de nombreuses initiatives, Gloria Dorval ne renonce pas à multiplier les partenariats avec les secteurs de l’éducation, de la culture, des sports et de la jeunesse. Avec en tête l’exemple fédérateur et inspirant de Basket Landes, soutenu depuis de longues années par le Département : le club a su gagner les cœurs autour de son équipe féminine, tout en permettant l’éclosion de talentueuses jeunes pousses grâce à son centre de formation. 

Comme on pouvait le craindre, les confinements ont eu un effet désastreux. Les premières données transmises par le CIDFF* évoquent le chiffre d’environ 420 femmes accompagnées en 2020, « soit une augmentation considérable de près de 36 % », s’alarme Gloria Dorval.

Face à ce fléau, le Département a redoublé d’efforts, en majorant de plus de 70 % ses financements aux acteurs de la lutte contre les violences sexuelles ou sexistes. En sus de sa subvention annuelle, le CIDFF des Landes a ainsi reçu une aide exceptionnelle de 25 000 €. En fin d’année 2020, une campagne de sensibilisation sur le sujet a touché 85 000 foyers landais. Autre innovation, l’installation de trois intervenants sociaux dans les commissariats et les brigades de gendarmerie a été cofinancée avec l’Etat à hauteur de 35 000 €. Ce dispositif, piloté par l’ADAVEM-JP**, a tout de suite prouvé son utilité : dans les 4 derniers mois de 2020, 130 femmes victimes de violences domestiques et 21 femmes victimes de violences sexuelles y ont eu recours.

Les projets ne manquent pas pour les trois prochaines années : systématisation des processus de repérage des cas suspects par les agents du Département ; renforcement des coopérations avec l’État et les associations ; prise en charge des auteurs de violences… En outre, pour pallier un déficit de places d’accueil, le Département souhaite mobiliser ses partenaires autour de la création d’une structure d’hébergement pour les femmes victimes de violences de toutes natures et pour leurs enfants.
 

Dans le domaine des droits sexuels et reproductifs des Landaises, le Département peut présenter un solide bilan grâce aux lieux d’écoute, d’information et de consultation médicale mis en place par les services de la Protection maternelle et infantile. Un maillage du territoire essentiel pour la prévention, selon Gloria Dorval : « en 2019, 27 % des consultations ayant pour sujet la contraception ont été réalisées auprès de mineures ». La conseillère départementale salue d’ailleurs le retour du Planning familial comme « une véritable aubaine » et assure que la collectivité soutiendra son implantation.

Lors du premier confinement, « un quart des bénéficiaires de l’aide d’urgence mise en place par le Département ont été des familles monoparentales avec une mère isolée », note Gloria Dorval, pour qui « agir contre la pauvreté des familles monoparentales, c’est donc, indirectement mais très clairement, agir contre la pauvreté des femmes ». Dans cette optique, elle se réjouit du dispositif de lutte contre les impayés de pensions alimentaires, porté par la Caisse d’allocations familiales.

Comme l’égalité doit s’appliquer à tous les secteurs de la société, une grande étude évaluera, dès 2021, les politiques sportives départementales en fonction du genre.
 

La déléguée à la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes a également fait le bilan de la situation dans l’administration départementale, sans occulter les zones d’ombre. Ainsi, une forte logique genrée demeure dans les métiers. Les filières culturelle, administrative et sanitaire et sociale sont donc fortement féminisées tandis que la filière technique comprend une large majorité d’hommes. Si les femmes représentent 58 % des effectifs, elles n’occupent que 25 % des postes de direction. Des inégalités persistent également dans l’articulation entre vie professionnelle et vie familiale : 20 % des femmes travaillent à temps partiel contre seulement 1,8 % des hommes.

Quant aux rémunérations, les Landes, avec 5 % d’écarts globaux, font plutôt bonne figure en comparaison de la moyenne de la fonction publique territoriale, située 3 ou 4 points au-dessus. Si les écarts sont faibles au niveau du traitement indiciaire brut (1 %), ils s’avèrent beaucoup plus importants en ce qui concerne les primes (16 %).

Gloria Dorval l’assure : l’objectif est de gommer ces disparités en renforçant la culture de l’égalité au sein de l’institution départementale. Car, dit-elle en paraphrasant le président Fortinon : « Notre collectivité ne peut avoir qu’une ambition : celle de l’exemplarité ».
 

* CIDFF : Centre d’information sur les droits des femmes et des familles

** ADAVEM-JP : Association départementale d’aide aux victimes et de médiation – Justice de proximité