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12/04/2024
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Trois ans et demi après l’installation de son comité scientifique, le projet « Chacun sa vie, chacun sa réussite » rentre dans sa phase opérationnelle. Depuis septembre, sous le pilotage de l’Algeei (Association Laïque de Gestion d’Etablissements d’Education et d’Insertion), 10 places en Samsah (Service d'accompagnement médico-social pour adultes handicapés) sont ouvertes pour de jeunes autistes de 15 à 25 ans en rupture avec tout type d’accompagnement. Une tranche d’âge passerelle entre enfance et vie adulte qui a été identifiée par le Conseil départemental et ses partenaires comme souffrant d’un déficit de solutions.
« Il y avait beaucoup de jeunes en attente, il fallait dès à présent les connaitre, prendre la mesure de ce qui était nécessaire, leur offrir un espace et des spécialistes qui les aident à vivre mieux, sachant que chaque personne a ses ressources et ses difficultés », argumente Catherine Barthélémy, présidente du comité scientifique de « Chacun sa vie, chacun sa réussite », qui est devenue le 9 janvier 2024 la première femme élue présidente de l’Académie de médecine.
« L’autisme engendre de gros désavantages sociaux, par l’incapacité de gérer le temps et l’espace. Les personnes autistes ont une lecture du monde différente de nos attendus », explique Marc Alias, directeur du Samsah. Un décalage, une difficulté à exprimer le ressenti qui peuvent engendrer dans certains cas de la frustration, voire des accès de colère : « notre travail consiste à diminuer l’écart entre les personnes que nous accompagnons et les neurotypiques ». Il s’agit d’aider ces adolescents à se séparer peu à peu de leur famille et de les préparer à s’insérer dans un collectif pour, à terme, selon les souhaits de chacun, intégrer un appartement ou trouver un emploi.
Les jeunes sont suivis par une équipe pluridisciplinaire composée d’une éducatrice spécialisée, d’une neuropsychologue, d’une accompagnante éducative et sociale, d’une infirmière et d’un médecin psychiatre. Prochainement, une médiatrice pair-aidante, c’est-à-dire une personne atteinte elle-même de trouble du spectre autistique (TSA), va renforcer l’effectif. Cette complémentarité s’avère un véritable atout face à la diversité des situations et des objectifs.
Situés au cœur de Mont-de-Marsan, sur les allées Brouchet, les locaux du Samsah abritent les réunions d’équipe. Les accompagnements, à raison d’1h30 par semaine, se font en général au domicile, ce qui permet de s’appuyer sur les parents. « On les considère comme des experts d’usage », résume Marc Alias. Le rayon d’intervention des professionnels dépasse largement l’agglomération montoise puisqu’ils se déplacent à Dax et ses alentours, à Hagetmau, Aire-sur-l’Adour ou Saint-Maurice-sur-Adour. « On a eu des demandes à Saint-Martin de Seignanx, Ondres ou Biscarrosse », révèle Élodie Darricau, l’éducatrice spécialisée.
La volonté d’un accompagnement sur mesure, collant aux besoins de chaque personne suivie, a nécessité la constitution d’un réseau de partenaires dans l’ensemble du territoire landais. Cela comprend des libéraux paramédicaux (ergothérapeutes, kinés, psychomotriciens) pour des prises en charge spécifiques, d’autres structures médico-sociales, des institutions, des associations culturelles et sportives. « Il nous est arrivé de contacter des clubs de marche et de tir l’arc ou des éducateurs canins », dévoile Alexia Dinclaux, l’infirmière.
Dans son fonctionnement pluridisciplinaire et sa quête de partenariats, le Samsah préfigure ce que sera le Campus, vitrine et locomotive du dispositif « Chacun sa vie, chacun sa réussite ». Ce quartier de 10 000 m2, situé près de la Plaine des sports de la Hiroire à Mont-de-Marsan, accueillera une quinzaine de jeunes répartis dans 2 maisons abritant chacune 5 personnes avec un autisme sévère et une résidence de 5 studios pour des jeunes ayant plus d’autonomie.
Le village comprendra aussi un appartement pour le répit des familles, un pôle santé et la Halle, lieu de culture, d'expositions, de rencontres et de mixité. « Le Campus sera un lieu à la fois ouvert et tranquille. Il sera proche du centre-ville et des commerces mais il y aura aussi des adaptations aux besoins sensoriels de chacun, sur la lumière, les couleurs, les sons… Il y aura toujours la possibilité de se mettre à l’abri des mouvements de groupe et des bruits perturbants », décrit Catherine Barthélémy.
La minutieuse définition des besoins architecturaux a été « le fruit d’une collaboration entre les familles, les personnes impliquées, les professionnels, les institutionnels, le comité scientifique et l’Algeei, futur gestionnaire, tout cela coordonné par le Département », rappelle Magali Valiorgue, conseillère départementale déléguée à l’Autonomie et aux Personnes handicapées
Le Campus délivrera aux jeunes autistes un accompagnement intensif sur une période de 3 ans maximum. Un renforcement accéléré des apprentissages qui vise à les faire cheminer vers plus d’autonomie, avec l’espoir qu’ils trouvent un point de chute où s’installer. D’où un autre aspect important de la dynamique « Chacun sa vie, chacun sa réussite », insiste Magali Valiorgue : « la poursuite des partenariats avec les collectivités et les associations qui permettront de développer sur l’ensemble du département des solutions d’habitat inclusif pour accueillir les jeunes sortis du dispositif ». Un premier habitat partagé à l'attention des personnes avec TSA a ouvert à Labatut. D'autres projets sont en cours de construction à Morcenx, Saint-Perdon et Biscarrosse.
C’est là le véritable enjeu de l’innovation landaise : impulser une dynamique qui s’étendrait à tout le département. Les Rendez-vous landais de l’autisme, dont la 3e édition, a eu lieu les 4 et 5 avril au Pôle à Saint-Pierre-du-Mont, sont l’occasion de renforcer ce maillage en stimulant les échanges. Et le Samsah des allées Brouchet est la première concrétisation de ce projet pensé pour les 15-25 ans, en attendant que le Campus sorte de terre. Le concours d’architecte sera lancé très prochainement. Le chantier devrait débuter mi 2026 pour une ouverture envisagée du site fin 2027, début 2028. Le coût des travaux est estimé à 10 millions d’euros.
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