Face à la crise Covid, la Mission Locale au service des jeunes Landais

Quand la Covid est arrivée, Elea avait un bon poste au Canada dans le design graphique mais son patron a dû se séparer d'elle. De retour en France, cette Bac + 5 de 24 ans qui loge chez son père ou des amis entre Landes et Gironde, n'a pas retrouvé d'emploi. « C'est effrayant de se dire qu'on fait cinq ans d'études pour, au final, ne pas avoir de travail ». En décembre, elle finit par s'inscrire à la Mission Locale de Mont-de-Marsan, inconnue jusqu'alors. 

Rapidement elle bénéficie de la Garantie Jeunes, permettant de toucher 500 € en échange d'un Parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie (PACEA). Cours pour postuler à des entretiens d'embauche, ateliers juridiques, informations sur la couverture santé, l'aide au logement ou à la mobilité et suivi très régulier avec un conseiller. « On peut se sentir seuls dans ces moments, le conseiller nous sollicite, nous aide à prendre les bonnes décisions, ça stimule », dit-elle, reboostée. 

Avec la crise sanitaire, « on voit plus de diplômés qu'avant », explique Gaëtan Dezes, chargé d'informations à la Mission Locale des Landes, « des jeunes sont en galère, dans un cercle vicieux, sans travail donc sans revenu pour un loyer ou payer le permis de conduire. On est là pour lever ces freins ».

Si le présentiel se poursuit, la Covid a aussi accentué l'accompagnement en ligne, via le réseau social MILO, né en 2019 et développé en application mobile l'an passé, qui permet de consulter des offres d’emploi, de tchatter... « Les visios entre jeunes et conseillers fonctionnent aussi très bien pour individualiser la réponse ».

Ce conseil personnalisé est la marque de fabrique de la Mission Locale qui accompagne, depuis 1991, tous profils de jeunes entre 16 à 25 ans sortis du système scolaire vers une insertion sociale et professionnelle durable, en maillant le territoire avec 3 antennes (Dax, Mont-de-Marsan, Parentis) et 35 points d'accueil. En 2020, 5 000 jeunes ont été accompagnés dont 2 100 pour la première fois : plus de 2 000 sont entrés en situation professionnelle dont environ 1 530 en emploi/alternance ; et 480 ont trouvé une formation ou repris leur scolarité.

Grâce à la MILO, Léo Saint-Aubin, exclu du système scolaire à son Bac pro en système numériques et suivi depuis un an à Capbreton, a pu bénéficier d'une aide pour passer son permis de conduire, un sésame pour pouvoir bientôt suivre une formation à Tarnos dans la fibre optique qui devrait déboucher sur un CDI. « En attendant, la Mission locale m'a trouvé des missions d'intérim, je suis là pour prendre tout ce qu'il y a prendre, pas pour me tourner les pouces. Ici, on nous suit, c'est motivant ».

Plus globalement, l'organisme de service public soutient aussi de nombreuses actions pour l'emploi des jeunes, comme ce mois-ci, le Mois des Jobs d'été avec l'Agglomération du Marsan et le Pays Grenadois : quatre semaines d'interviews de recruteurs sur les réseaux sociaux, des vidéos Facebook Minute de l'emploi, des offres de jobs chaque semaine, et un Forum dédié à Nahuques le 20 mars (sur inscription). 

Des ateliers pour concrétiser le projet de jeunes déscolarisés sont également proposés, comme le 1er mars dernier à Biscarrosse ou le 8 à Mimizan. Un partenariat, aussi, avec l'ANEFA Landes pour l'opération Cueille ton job, destinée à recruter du personnel saisonnier sur les exploitations landaises où de nombreux postes sont, chaque année, à pourvoir.

En partenariat avec la Direccte**, le Département et la Communauté de communes Cœur Haute Lande, la MILO a lancé en septembre 2020 l’opération « Territoire 100 % Solutions ». Il s’agit de donner voix aux 15-29 ans pour qu'ils trouvent et expérimentent des solutions à leurs problématiques. « Une dizaine de jeunes ont travaillé à formuler des propositions en fonction de leurs attentes et leurs besoins », commente Marine Raffini, chargée du projet. Parmi leurs premières idées qui seront étudiées par les élus locaux : avoir des conducteurs bénévoles retraités pour amener des jeunes sans permis à des rendez-vous professionnels, ou loger chez des personnes âgées ou en situation de handicap isolées dans leurs maisons, en échange de services. Pour plus de liens intergénérationnels. 

* ANEFA : Association nationale pour l’emploi et la formation en agriculture

**  Direccte : Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi. À compter du 1er avril 2021, ce service de l’État deviendra la DREETS : direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités.