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14/10/2020
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Rappelons d’emblée les champs de compétence : depuis la loi NOTRe de 2015, c’est la Région qui est le chef de file des mobilités à l’échelon régional. Au niveau local, la Loi d’orientation des mobilités (LOM) du 24 décembre 2019 laisse aux communautés de communes la possibilité de devenir Autorité organisatrice de la mobilité (AOM). Elles ont jusqu’au 31 mars 2021 pour faire leur choix : se saisir de cette compétence dans leur territoire ou la laisser à la Région.
Alors, pourquoi le Département des Landes souhaite-t-il construire sa stratégie de la mobilité ? Tout simplement parce que nombre de ses compétences sont en lien direct avec la question. Citons en vrac les quelque 4 300 kilomètres de routes départementales, la gratuité des transports scolaires, le transport des élèves en situation de handicap ou encore le déploiement de 630 kilomètres de pistes cyclables et voies vertes, la stratégie de transition énergétique 2020-2030…
En outre, les réflexions sur la mobilité portent des enjeux qui sont au cœur des missions du Département, comme l’insertion sociale et professionnelle ou la santé publique. Enfin, le Conseil départemental apparaît naturellement comme l’interlocuteur ad hoc pour articuler et coordonner les stratégies qui verront le jour dans les différents territoires.
Le diagnostic réalisé en partenariat avec l’ADACL (Agence départementale d’aide aux collectivités locales) et l’AUDAP (Agence d’urbanisme Atlantique et Pyrénées) distingue 5 territoires. On ne se déplace pas pareil, selon qu’on habite en Chalosse ou autour des Grands Lacs, dans le massif forestier ou le long de « l’Archipel landais », la diagonale reliant Gabarret à Bayonne, via Mont-de-Marsan et Dax. Sans parler du cordon littoral, soumis à de fortes variations saisonnières…
La réunion du 9 octobre entre Xavier Fortinon, président du Département, Olivier Martinez, vice-président en charge de l’Aménagement du territoire et les représentants des 18 EPCI reflétait cette diversité de préoccupations et d’attentes. Pour le Seignanx, Isabelle Dufau soulignait la « nécessité d’un travail interdépartemental avec l’agglomération bayonnaise ». Didier Gaujeacq appelait à « s’appuyer sur le tissu associatif », citant en exemple l’association Orsec qui, en Chalosse, met en relation personnes sans voiture et chauffeurs bénévoles. Ludovic Vaysse insistait sur « l’insécurité routière » drainée par la RD 834 traversant le territoire de Cœur Haute Lande. Hélène Cousseau relevait « la chance d’avoir une gare en Pays morcenais »…
Tout en tenant compte de cette hétérogénéité, le Département cherche à agir sur trois leviers : mobilité du quotidien (déplacements travail – domicile) ; mobilité inclusive (personnes âgées, personnes en situation de handicap insertion professionnelle et jeunes) ; mobilité exemplaire (avec un Plan de déplacement pour ses agents).
Parce que que « la première des libertés, c’est de pouvoir se déplacer », Xavier Fortinon vise à « permettre l’accès à la mobilité au plus grand nombre et ne laisser personne au bord de la route » : personnes isolées, jeunes, publics en insertion… L’exemple du garage solidaire de Pontonx et le développement de services de transports solidaires ont été évoqués comme autant de pistes à suivre.
Si tout le monde a droit à la mobilité, cela ne doit pas conduire à une explosion du trafic automobile. « Le meilleur déplacement est celui qu’on ne fait pas », résume Gracy Pradier Guldner, directrice adjointe à l’Aménagement au Département des Landes. Autrement dit, il s’agit de favoriser des déplacements plus courts et moins nombreux en rapprochant commerces, équipements et services des habitants. Cette ambition croise donc des priorités départementales telles que la revitalisation des centres bourgs ou le déploiement de la fibre dans les Landes à l’horizon 2022.
Repenser notre manière de circuler implique un changement de mentalité. Pas évident, quand on sait que 86 % des Landais utilisent leur voiture pour aller au travail (contre 70 % à l’échelle nationale). Autant que possible, il faudra proposer des alternatives à la voiture par l’aménagement de davantage d’itinéraires cyclables et le recours aux « mobilités douces » en agglomération. Xavier Fortinon mesure l’ampleur du challenge : « cela prendra énormément de temps parce que c’est une remise en cause fondamentale de notre quotidien, surtout dans un territoire rural comme le nôtre ».
En 2016, les transports ont représenté 33 % de la consommation d’énergie dans les Landes. C’est beaucoup, et cela a des conséquences sur l’environnement et sur la santé publique. Là encore, on touche aux usages : trop de conducteurs sont seuls dans leur voiture. Une politique des mobilités doit donc inciter à utiliser le covoiturage ou des solutions d’auto-partage. Dans le même ordre d’idées, un « verdissement » de la flotte automobile irait dans le bon sens. Le Département donnera l’exemple en renouvelant son parc avec des véhicules moins énergivores.
Pour atténuer le trafic dans les cœurs d’agglomération et le littoral en été, des solutions ont été testées dans certaines communes : priorisation des transports en commun, suppression des parkings aux abords immédiats des plages pour des zones plus en amont. Pierre Froustey, maire de Vieux-Boucau et président de MACS, parle d’expérience : « il peut y avoir une résistance importante de la population qui demande du temps pour s’approprier ces démarches. Il faudra savoir être courageux ».
Il s'agit aussi d’accompagner les territoires dans leur stratégie de mobilité, afin qu’ils réfléchissent à leurs besoins réels avant d’imaginer des solutions. Cela ne peut se faire qu’en accord avec les acteurs locaux, selon Isabelle Dufau, présidente du Seignanx : « Il faut connecter l’enjeu des mobilités avec d’autres, qu’ils soient sociaux ou économiques, qu’ils concernent le développement du territoire ou l’habitat. Une démarche participative avec les entreprises, les artisans, les commerçants, est indispensable ».
Attaché à sa philosophie de co-construction de sa politique de mobilités, le Département poursuivra les échanges avec les EPCI jusqu’à la fin de l’année. Les premiers programmes d’actions devraient être validés lors du Budget 2021.
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