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05/08/2022
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C'est par un tweet de la secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Bérangère Couillard, que l'annonce du classement a été officialisée ce jeudi, avant sa parution prochaine au Journal Officiel : « Patrimoine naturel exceptionnel, la classification en protection forte de ce réservoir de la #biodiversité s'inscrit dans la feuille de route de la Stratégie nationale 2030. 2 205 hectares, 186 espèces d'oiseaux, des dizaines de plans d'eau et zones humides... Cette ancienne mine à ciel ouvert est également chaque année un point d'étape pour 30 000 grues cendrées pendant la période migratoire. Elle est un exemple de renaturation d'un territoire », écrit Mme Couillard qui se rendra « sur place dès la rentrée, à la rencontre de tous les riverains et les acteurs locaux qui ont œuvré à la création de cette aire protégée, au cœur des Landes ».
Historiquement réserve nationale de chasse et de faune sauvage depuis 1987, et espace Natura 2000 depuis 2004, le plus grand site français d’hivernage des grues cendrées devient ainsi la 4e réserve nationale naturelle des Landes, au côté du Courant d'Huchet, du Marais d'Orx et de l'Etang Noir.
Sur les lieux où les balades sont actuellement interdites vu la vigilance rouge feux de forêt mais où la plage avec ses eaux cristallines reste accessible, tout le monde n'est pas encore au courant de la bonne nouvelle ce jeudi matin. « Vous me l'apprenez ! On est ravi que ce soit fait ! », lance la garde naturaliste, Nathalie Samson qui travaille ici depuis 18 ans et rêve, depuis gamine, de porter l'uniforme gris spécifique des agents de réserves nationales naturelles. « On aura aussi accès à des formations naturalistes, à des échanges facilités avec d'autres réserves naturelles, des appuis, des financements particuliers, des enveloppes d'accompagnement, c'est très important. C'est un aboutissement, la reconnaissance de notre travail au quotidien », se félicite, dans sa tenue encore en noir et blanc, celle qui a vu le site considérablement évoluer durant toutes ces années, entre la végétation qui a repris peu à peu partout sa place et la création de la Maison du site et ses aménagements en 2015.
Avifaune multiple et variée (sarcelle d'hiver, fauvette pitchou, busard des roseaux...), espèces sédentaires (chevreuil, lièvre...), végétaux rares (lycopode des tourbières, sérapia à petites fleurs...), espèces animales remarquables (loutre, fadet des Laîches...), « entrer dans le réseau des réserves naturelles nationales offre le plus haut niveau de protection en France », « de quoi aussi engager un nouveau plan de gestion pour les cinq prochaines années avec des orientations à plus long terme », se réjouit Martine Harambat, directrice du Syndicat mixte de gestion des milieux naturels qui ne pouvait rêver de plus beau cadeau avant son départ à la retraite.
Pour en arriver là, tout un dossier technique et administratif a dû être monté : avis d'opportunité via le CNPN (Conseil national de la protection de la nature), échanges avec la DDTM (Direction départementale des territoires) ou la Dreal (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement), enquête publique, travail avec les milieux associatifs et les citoyens sur l'usage du site, consultations interministérielles, etc. « L'idée a commencé à maturer au début des années 2010, sous l'action notamment d'Henri Emmanuelli et de l'ancien maire d'Arjuzanx, Pierre Darmanté. Et tout s'est vraiment accéléré à partir de 2016-2017 », rembobine Paul Carrère, vice-président du Conseil départemental et maire de Morcenx-la-Nouvelle qui voit dans ce classement, « avant tout, la reconnaissance du travail bien fait par les équipes sur place et celles du service Environnement du Département ». C'est aussi « une belle réponse à un site minier industriel abandonné, grâce à la force d'un portage public » puisque le Département avait acheté les lieux en 2002 après plus d'un demi-siècle d'exploitation par EDF de cette carrière de lignite.
Aussi, « pas question d'une mise sous cloche » avec ce classement, précise Sophie Laugareil, directrice du site depuis que l'histoire de la réserve d'Arjuzanx est devenue départementale : l'ensemble des activités déjà existantes à pied, à cheval, à vélo, à barque ou à voile, seront bien pérénisées puisque la réserve nationale n'occupe que 2 205 hectares sur les quasi 3 000 ha totaux.
« C'est ce qu'on voulait depuis les débuts : arriver à faire vivre une réserve en gardant des usages », commente Pierre Darmanté, tout en jugeant « cocasse qu'une ancienne friche industrielle entre aujourd'hui dans le patrimoine des réserves nationales ».
Cette légitimation va en tout cas permettre « de changer de braquet pour continuer à bien faire la même chose en mieux encore, tout en drainant un public spécialisé. Comme pour les restaurants étoilés, des gens font le tour des réserves nationales. En quelque sorte, on faisait déjà bien à manger, désormais on a l'étoile ! », file Paul Carrère qui voit, grâce à ce site attirant déjà plus de 200 000 personnes chaque année, de quoi assurer « un vrai développement écotouristique pour le territoire du pays morcenais et au-delà. »
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