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17/12/2019
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À priori, Franz-Olivier Giesbert à Escource, c’est le choc des extrêmes. À tort ou à raison, l’éditorialiste du Point et romancier à succès incarne une élite politico-médiatique bien éloignée des préoccupations d’une commune landaise de 700 habitants… Et pourtant… : « Je suis d’origine rurale. Mes parents étaient « bo-bio » avant l’heure. J’ai passé mon enfance à la ferme et j’ai adoré. Quand je me retrouve dans un village, j’ai l’impression de retrouver mon enfance. »
Et force est de reconnaître que l’auteur du Schmock est aussi à son aise dans la toute neuve médiathèque d’Escource à distribuer, faussement bonhomme, ses coups de griffe (« Boulez, un musicien qu’adorent les gens qui n’aiment pas la musique ») que sous les ors de l’Élysée à recueillir les confidences de Mitterrand ou de Chirac. Au gré de ses digressions, on croise les silhouettes de Julien Green, « mon papa en littérature », Albert Giacometti, « obsédé par son travail », Elie Wiesel, « comme chez beaucoup de rescapés d’Auschwitz, j’ai toujours été frappé par sa vitalité ». On revit un large pan d’histoire politique française, « c’est une raffarinade : Chirac pensait en millénaires, Mitterrand en siècles et Sarkozy en secondes ». Et on découvre la passion de ce végétarien revendiqué pour la cause animale. Mais on rencontre surtout Giesbert le romancier, et son rapport à l’écriture.
Car c’est bien là le cœur de ces Rendez-vous : donner à voir, un peu, du processus de création littéraire. L’ancien directeur du Nouvel Obs, du Figaro et du Point confesse qu’il rêvait de devenir écrivain depuis l’âge de 9 ans et que le journalisme politique n’était pas sa vocation première : « Je préfère de loin écrire des romans plutôt que des essais. C’est plus excitant, on s’amuse, on rit de ses blagues, c’est un bonheur permanent. »
Franz-Olivier Giesbert le reconnaît sans honte : « Mes personnages prennent le contrôle de mes romans. L’idée, c’est de me laisser mener par eux. J’écris quasiment sous leur dictée et c’est assez jouissif. Pour L’arracheuse de dents, je voulais écrire sur les Indiens d’Amérique et puis mon personnage principal, Lucile Bradsock, a surgi comme ça, une femme dentiste qui fuit la Révolution française. Et je me suis laissé guider. Dans L’affreux, le personnage principal s’appelle Aristide. Et le président de Grasset me dit qu’il faut changer son prénom. Je lui ai répondu : « mais c’est comme ça qu’il s’appelle ! », parce que pour moi il était vivant. »
Visiblement, l’écrivain apprécie l’exercice de la rencontre avec le public, qu’il essaie de pratiquer une fois par semaine, dans des milieux très divers : « Je ne suis pas forcément bien traité par les médias. Et je préfère le contact direct avec le lecteur qui réécrit le livre que vous avez écrit. La culture doit se déplacer. Et on doit avoir une posture d’humilité, se rendre chez les gens, les écouter. »
Avant Franz-Olivier Giesbert le 4 décembre à Escource, Alexandre Jardin à Onesse-Laharie ou Didier van Cauwelaert à Contis s’étaient prêtés au jeu en 2019. Françoise Acamas, bibliothécaire à la médiathèque départementale des Landes, précise : « Sur 10 auteurs invités dans l’année, on essaie d’en avoir trois ou quatre qui sont très médiatisés et qui font l’actualité littéraire du moment. On réussit à les attirer parce qu’on ne leur impose pas de date, on se cale sur leurs disponibilités. Mais on peut aussi être parfois surpris par le succès de certains écrivains moins connus du grand public. Il y avait par exemple 90 personnes pour la psychanalyste Elisabeth Roudinesco le mois dernier à Aire-sur-l’Adour. »
Le choix des auteurs invités est le fruit d’une discussion entre l’équipe de la Médiathèque et Jean-Antoine Loiseau. Ce journaliste toulousain anime les Rendez-vous depuis leur création en juillet 2010. Bien introduit dans les milieux de l’édition, il constate que les auteurs viennent de plus en plus volontiers : « Les Rendez-vous ne sont pas uniquement axés sur la promotion du dernier livre paru. On essaie également de parler des livres précédents. Je pense que le bouche-à-oreille fonctionne bien, que les écrivains savent qu’ils seront bien accueillis. Et puis, les différents libraires avec lesquels on travaille pour la séance de dédicaces font aussi bien leur boulot. »
Au fil des ans, les Rendez-vous ont réussi à fidéliser leur public. « Un club de lecture de Lit-et-Mixe nous suit quasiment tous les mois » se réjouit Françoise Acamas. La bibliothécaire insiste sur la couverture territoriale de ce débat littéraire mensuel qui se déplace aussi bien à Dax et Tarnos qu’à Orist ou Saint-Martin-d’Oney. La culture partout et pour tous : en mars 2018, le journaliste et navigateur Sébastien Destremeau s’était rendu au centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan.
Le programme 2020
- Muriel BARBERY, le jeudi 13 février à Bougue – Prix des Libraires 2007
- Yannick HAENEL, le jeudi 5 mars à Mugron – Prix Interallié 2009 – Prix Médicis 2017
- Luc LANG, le samedi 18 avril aux Rencontres à Lire de Dax – Prix Médicis 2019
- Lionel DUROY, le mardi 26 mai à Pey – Prix Renaudot des lycéens 2012
- Gilbert SINOUE, le jeudi 18 juin à Soustons – Grand Prix de littérature policière 2004
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