XL Impro Club : les collégiens se lâchent

Juste avant de reprendre les cours après une pause méridienne un peu spéciale ce mardi 12 mars, Isma est un capitaine heureux : il vient avec son équipe « Henri pot de beurre » de remporter la manche du XL Impro club de la cité scolaire Gaston Crampe d'Aire-sur-l’Adour face aux deux autres mini-groupes de collégiens volontaires, les Terreurs et les Tortues : « Le plus important c'est d'avoir pu jouer avec tous les autres et aussi avec le public, et d'être tous ensemble. Le théâtre d'impro, c'est génial, on s'amuse bien et ça nous pousse à réfléchir vite et intelligemment ».

Une compétition certes, mais surtout donc, un moyen d'aborder l'oralité par le jeu et le rire. « Ça permet d'acquérir de la confiance en soi loin des écrans, d'apprendre à mieux s'exprimer ou à réussir à prendre la parole en public, dans un mode divertissant et ludique, différent du théâtre classique », estime Maria Sobral Pereira, coordinatrice des actions culturelles départementales.

Arbitres intraitables

Et dans cette patinoire improvisée sous les projecteurs de la salle polyvalente, il y a eu du sport ! Comme dans un match de hockey dans son cérémonial, les équipes se pressent, se relaient au centre du jeu, se provoquent gentiment, sur fond de musique live avec un pianiste-guitariste qui adapte ses thèmes aux histoires du jour... le tout devant trois arbitres intraitables, sortant aux participants des cartons pour faute, entre « refus de personnage », voix trop douce et temps décompté.

Première minute d'« improvisation comparée » avec deux équipes en piste, thème « Vas-y champion », sans paroles ; puis une autre sur « L'évasion » avec joueurs illimités... des coups, des morts, le bazar... Le thème « Un petit trou de rien du tout » en « impro mixte » avec deux joueurs maximum de chaque équipe, va plus inspirer les troupes : « il y a un serpent là-dedans », démarre l'un, mimant qu’il met sa main dans le creux, puis s'écroule. Le Samu, la trousse de secours, des notes tristes au piano... l'histoire s'enchaîne jusqu'au coup de sifflet des deux minutes chrono. Sur « Comme un étrange bruit », des sons stressants au plafond s'achèveront en mort d'un chat zombie en moins d'une minute 30 d'échanges... Et sur le « Bel anniversaire », le gâteau imaginaire finira sur la tête d'un convive.

« Un laboratoire des relations humaines »

La veille, les jeunes du collège George-Sand de Roquefort s'étaient à leur tour départagés. Dans un mois, les gagnants des deux établissements se retrouveront pour le grand match inter-collèges, le 11 avril à l’Alambic des arts de Villeneuve-de-Marsan avant, peut-être, de rêver de finale régionale à Bordeaux le 31 mai avec les meilleurs landais sélectionnés, voire de finale nationale, le 3 juin au Théâtre de Chaillot à Paris.

Pour cette expérimentation landaise s’appuyant sur le dispositif national « Trophée d’Impro Culture et Diversité » créé en 2010 et parrainé par Djamel Debbouze, le Département s'est rapproché de la compagnie Donc du coup d'Aurélia Ciano. « Cela fait 15 ans que je fais de l'impro mais j'ai découvert ça très tard finalement. C'est quelque chose de très développé en région parisienne et c'était intéressant de l'amener ici. Car c'est aussi une leçon de vie où on apprend à vivre avec les autres, où on se rend compte que le manque d'écoute ou la rudesse peuvent tout faire rater... Comme un laboratoire des relations humaines », note la comédienne, metteuse en scène et auteure basée à Oeyreluy, près de Dax, qui joue actuellement à l'Apollo Comedy à Paris dans Pop Fiction, un « film improvisé » où le public choisit chaque soir le fil de l'histoire.

« Par le jeu, on développe beaucoup de choses, ça aide aussi à se libérer, à lâcher prise », abonde Laëtitia Landelle de la compagnie Solycate (Capbreton) qui participe aussi aux ateliers, comme d'autres comédiens locaux ou régionaux, à l'image de l'arbitre principal du jour, Benjamin Viguier, du BIP, Bordeaux Improvisation Professionnelle.