Basket Landes veut rester à la table des grands

Quoiqu’il arrive d’ici le mois de mai, la saison 2024-2025 restera gravée dans la jeune histoire de Basket Landes, créé en 2003. Pour leur cinquième participation consécutive à l’Euroligue, les Landaises intègrent le Top 8 européen. Une entrée dans la cour des grands, jalonnée de succès contre des ténors continentaux tels que Schio, Salamanque ou Bourges. Une historique qualification pour le Final 6 de Saragosse (9-13 avril) passe par des barrages de quarts-de-finale contre Prague, demi-finaliste des trois dernières éditions. Battues à l’espace François Mitterrand au match aller (68-72), les Landaises n’ont pas abdiqué tout espoir avant le retour du 26 février dans la capitale tchèque. Quelle qu’en soit l’issue, ce double duel sera formateur, selon la coach Julie Barennes : « de tels matches, ça nous fait grandir, ça nous rend plus compétitifs ».

C’est la première année que Basket Landes joue à fond sa chance européenne, ce qui a un impact sur la Boulangère Wonderligue, le championnat de France. Les Bleu et Blanc ont traversé quelques trous d’air, et notamment un début du mois de janvier compliqué. Compréhensible, selon la technicienne lot-et-garonnaise : « les filles n’ont pas encore l’expérience pour appréhender toutes les situations et gérer deux matches par semaine, sans avoir le temps de s’entrainer correctement ». Néanmoins, à 6 journées de la fin de la saison régulière, les Landaises sont troisièmes, à une seule victoire de la deuxième place et avec un calendrier plutôt favorable. « On est là où on veut être », positive Céline Dumerc, la directrice sportive, qui vise un Top 4 synonyme de quart-de-finale retour à domicile. Ajoutons à cela une très excitante demi-finale de Coupe de France à domicile le 2 mars contre Bourges pour s’offrir un quatrième voyage consécutif à Bercy. 

C’est la loi du sport de haut niveau : en plein cœur d’une saison, alors que rien n’est joué sportivement, il faut déjà préparer la suivante. Il fut donc aussi question des contours de l’équipe 2025-2026 lors de la soirée du 11 février au domaine de Marquestau à Hontanx. La présidente Audrey Lacroix avait en effet souhaité rencontrer « en toute transparence » les principaux partenaires du club pour évoquer le présent mais aussi le futur, proche ou plus lointain, du club.

Sur les 10 joueuses de l’effectif professionnel, deux (Leïla Lacan et Myriam Djekoundade) sont sous contrat ferme, quatre autres peuvent activer une clause de départ moyennant indemnité et les quatre dernières (Luisa Geiselsoder, Louise Bussière, Destiny Slocum et Kourtney Treffers) seront libres en juin. Ce qui ne signifie pas pour autant que toutes s’en iront. Mais il faut se préparer à quelques départs, et Julie Barennes a donné quelques pistes. 

Comme le règlement de la Ligue professionnelle exige qu’au moins 6 des 10 joueuses de l’effectif soient françaises, « le recrutement part toujours de là ». Or, la WNBA, le championnat américain, cherche de plus en plus à retenir ses meilleurs éléments, ce qui conduit les grosses écuries européennes à se tourner vers le réservoir français. Une concurrence nouvelle qui n’inquiète pas outre mesure la coach bleu et blanc : « on peut s’en sortir et retomber sur nos pattes parce qu’on sait faire progresser de jeunes talents ».

Pour attirer les pépites de demain, Basket Landes peut compter sur son image de club familial et sain. Le soutien fervent du public landais et l’extraordinaire ambiance des matches à l’espace Mitterrand trouvent leur relais sur les réseaux sociaux. En moyenne, les rencontres de l’équipe landaise font 20 % d’audience en plus que ses concurrentes sur la chaîne youtube de la Boulangère Wonderligue, indique Marie-Laure Lafargue, la directrice générale, qui s’est chargée de présenter le bilan économique aux partenaires. Même succès sur Facebook et Instagram. Lancé le 1^er septembre, le compte TikTok de BL compte déjà 12 500 abonnés et plus de 3,5 millions de vues !

Cette image très positive est le moteur d’un budget de 3 millions d’euros, en forte accélération depuis le point bas de la crise Covid (1,5 ME en 2020-2021). La subvention de l’Agglomération (30 000 €) couvre la location à la Ville de l’espace François-Mitterrand. La Région et le Département cumulent 450 000 €, fléchés pour leur très grande majorité vers le fonctionnement du centre de formation.

Avec près de 2,5 M€, la billetterie et le partenariat représentent donc l’essentiel des revenus de Basket Landes. Les matches se jouent quasiment tous à guichet fermé, assurant une manne de 1,2 M€, soit l’équivalent de presque 50 % de la recette billetterie globale des 12 clubs du championnat en 2023-2024. Environ 350 partenaires privés soutiennent les couleurs Bleu et Blanc, bénéficiant en retour des performances et de l’état d’esprit exemplaire des joueuses. L’an dernier, les Landaises ont terminé à la 3^e place de la saison régulière avec la 6^e masse salariale de la ligue.

Cette saison, Basket Landes a enregistré 2216 abonnés, soit 89 % de la capacité d’accueil de l’espace François Mitterrand (2 500 places). Un record qui témoigne d’un engouement croissant mais qui pointe aussi un frein au développement futur du club. C’est un crève-cœur de devoir refuser des centaines de demandes pour les plus grosses affiches. Et c’est à terme dommageable de ne pouvoir offrir à chacun des partenaires privés, toujours plus nombreux, une « expérience match » à la hauteur de la valeur de l’équipe (quota de places, espace restauration de volume suffisant, etc.).

Au mois de février 2025, la rénovation des vestiaires a été menée à bien par la Ville de Mont-de-Marsan. La création de 107 places supplémentaires, le renouvellement des sièges obsolètes et la construction d’un espace bureaux/vidéo pour le staff ont été repoussés à septembre 2025. 

En attendant, les dirigeants planchent en interne sur des scenarios d’augmentation à moyen terme de la jauge de l’espace Mitterrand. Objectif : monter à 3 500 places avec l’agrandissement de la tribune « Chalosse » et des tribunes derrière les paniers. L’amélioration de l’accueil des partenaires passera sans doute par une réflexion sur l’espace VIP et la création d’un coin traiteur.

Très attachée à l’ancrage landais du club, Audrey Lacroix souhaite « valoriser notre empreinte territoriale et notre impact ». En partenariat avec la MGEN, Basket Landes vient de se lancer dans la démarche « Fair-play for the planet », premier label écoresponsable pour les organisations sportives validé pour l’ADEME, l’Agence de la transition écologique. D’autre part, le champion de France 2021 et double vainqueur de la Coupe de France (2022, 2023) a commandé au CDES de Limoges (Centre d’économie et de droit du sport) une étude sur son impact économique et social. « C’est un outil d’aide à la décision qui nous permettra d’orienter nos actions et de convaincre nos partenaires de leur bien-fondé », argumente la présidente, désireuse de poursuivre le développement du club sans tourner le dos à son enracinement local.