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Christophe Cassou : « on ne négocie pas avec le climat et la biodiversité »

09/10/2024

305 vues

© Mathieu Génin | Reporterre

À l’occasion de la première édition du Festival Cap! (12-13 octobre), rencontre avec le climatologue landais qui mise sur la médiation scientifique pour sensibiliser à l’urgence climatique.

Né à Dax en 1971, Christophe Cassou est directeur de recherche du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) au Cerfacs (Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique) à Toulouse.

Il est l’un des auteurs principaux du sixième rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Il est l’un des rédacteurs du groupe 1 dédié aux bases physiques du climat (2018-2023).

Il s’engage fortement pour faire avancer l’action politique face au réchauffement climatique. Très attaché à la sensibilisation, il est cofondateur des Trains du climat (2014-2018). En 2022, sur la chaine Arte, il est l’un des protagonistes d’Un monde nouveau, une série de trois documentaires écrite et racontée par Cyril Dion et réalisée par Thierry Robert. 

Pourquoi était-il important pour vous de participer à la 1re édition du Festival Cap! ?

Christophe Cassou : aujourd’hui, on est dans un moment un peu particulier où il est important d’avoir des espaces pour parler des enjeux de climat et de biodiversité parce qu’ils sont invisibilisés dans le contexte politique actuel. Toute manifestation qui permet de garder ces questions-là au cœur des agendas est importante, et on se doit d’en être.

Il faut bien s’assurer que ces thématiques sont au centre des décisions prises par les collectivités et les territoires : par exemple, dans les Landes, pour ce qui concerne le tourisme et la gestion forestière. 

Si on ne priorise pas ces enjeux, les risques climatiques vont nous rattraper. Aujourd’hui, nous courons derrière le changement climatique parce que les politiques publiques ne sont pas à la hauteur. On ne négocie pas avec le climat et la biodiversité.

Les arènes de Bégaar cernées par les eaux en février 2021 © S. Zambon | Dpt 40

Quelles sont les menaces climatiques qui guettent le département des Landes ?

Christophe Cassou : on a un avant-goût du climat qui change. Il y a 4 risques climatiques qui touchent déjà le Sud-Ouest – et donc les Landes -, et qui vont s’accentuer :

- Les chaleurs extrêmes qui induisent une insécurité sanitaire. Chaque vague de chaleur entraine un excès de mortalité. À l’été 2022, on a dénombré environ 60 000 morts supplémentaires en Europe.

- Les sécheresses accrues qui entrainent des pénuries d’eau, et donc de l’insécurité alimentaire en affectant les rendements agricoles.

- Les incendies causés par la fragilisation du massif forestier, à cause de parasites de plus en plus impactants, comme les scolytes ou les chenilles processionnaires. De fait, les arbres sont plus vulnérables.

- Les inondations, qu’on peut classifier en trois types :

  • - pluviales : associées à des épisodes de pluie extrême, elles sont violentes, ravinant les sols agricoles et inondant les centres-villes, car les systèmes d’évacuation ne sont pas dimensionnés pour ces débits
  • - fluviales : on a une intensification du cycle de l’eau. Les épisodes de sécheresse et de pluie sont plus marqués et plus longs. Le moment de survenue des inondations a changé car elles dépendent non plus de la fonte des neiges mais de la saisonnalité plus aléatoire des précipitations.
  • - côtières : quand une tempête passe, les conséquences en sont plus graves parce que le niveau de la mer est plus élevé. Dans les Landes, les secteurs de vulnérabilité sont le sud du département et l’embouchure de l’Adour et les zones d’entrée comme à Capbreton.

On appelle risques composites la succession de ces épisodes : un été très sec, suivi d’un automne pluvieux et d’une tempête d’hiver. C’est la combinaison de ces risques qui occasionne des dégâts potentiellement beaucoup plus importants que s’ils survenaient de manière isolée.

Tempête à l'embouchure de l'Adour à Tarnos en février 2024 © C. Chambres | Dpt 40

Vous êtes l’un des neuf scientifiques du GIEC interviewés dans la bédé documentaire Horizons climatiques. La vulgarisation de ces notions scientifiques est-elle un enjeu majeur pour vous ?

Christophe Cassou : je dirais plus généralement la médiation scientifique. Un chercheur a deux missions : celle de produire de la connaissance et celle de diffuser de la connaissance. Dans ce moment de creux sur la sensibilisation aux urgences climatiques et de biodiversité, on a besoin d’objets de médiation et la bédé est un support particulièrement intéressant. 

Diriez-vous que la société évolue suffisamment vite par rapport aux enjeux de climat et de biodiversité ?

Christophe Cassou : aujourd’hui, le déni du changement climatique a disparu parce qu’on le perçoit dans notre quotidien. En revanche, on doit faire face au déni de vulnérabilité. On croit qu’on va pouvoir s’adapter malgré la rapidité des évolutions et alors qu’on s’approche d’une situation irréversible. On souffre d’une illusion de toute puissance face à ces risques climatiques. 

Séance de dédicaces au Festival Cap!

Samedi 12 octobre, Christophe Cassou était au lac de Christus à Saint-Paul-lès-Dax pour la première édition du Festival Cap! consacré à toutes les transitions (écologique, énergétique, alimentaire, sociale…). Il a dédicacé la bande dessinée Horizons climatiques au stand de la librairie Aux feuilles volantes.

Horizons climatiques d’Iris-Amata Dion et Xavier Henrion (éditions Glénat 2024) offre une synthèse très claire des derniers rapports du GIEC, à travers la parole de neuf scientifiques, dont Christophe Cassou.

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