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23/12/2021
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Les professionnelles présentes aux 6e Rencontres territoriales de la petite enfance sont unanimes : les effets néfastes de l’usage des écrans se manifestent de plus en plus précocement. Dans la micro-crèche Tralalère à Saint-Paul-lès-Dax, Katia Illi observe de plus en plus « de gamins qui, lorsqu’ils lisent un livre, ont la même gestuelle que s’ils étaient devant un écran ». Cécile Métayet, assistante sociale du Conseil départemental à Dax, s’avoue « stupéfaite de la capacité des tout-petits à trouver Tchoupi sur le smartphone de leur maman ». Nathalie Sanglar, responsable du relais petite enfance intercommunal du CIAS du Grand Dax – qui organisait la conférence conjointement avec Angélique Lagardère, animatrice RPE, Marie Mercier, directrice de la crèche familiale et Isabelle Chanteau, assistante administrative Enfance et Jeunesse –, le reconnaît : « la place du téléphone est devenue centrale, même pour les professionnelles qui photographient les enfants pour rassurer les parents ».
La crise de la Covid et les multiples confinements ont accentué la dépendance. Des études estiment à plus de 30 % l’augmentation de la consommation numérique, tous âges confondus. Marc Rodriguez, président de l’ARRPPE (Association de réseau et de recherche pour les professionnels de la petite enfance), répertorie les symptômes les plus fréquemment observés : une certaine agitation, des troubles de l’attention et du langage, des réactions très violentes qui laissent les parents démunis et inquiets. Pour autant, « s’il y a un consensus scientifique quant aux effets des écrans sur l’obésité et le sommeil, il n’y en a pas sur les éventuelles conséquences psychologiques », tempère le psychologue clinicien.
Celui qui intervient régulièrement au CMPP (Centre médico-psycho-pédagogique) de Dax insiste sur la nécessité d’accompagner l’usage des outils numériques : « on accompagne les enfants à la lecture, cela doit être la même chose pour les écrans. La facilité qu’ont les enfants à se les approprier nous empêche de voir que c’est aussi un apprentissage ». Ce qui soulève, prévient-il, la question de la « nouvelle fracture numérique, qui va être vraiment terrible », séparant les familles capables d’accompagner leurs enfants de celles qui ne le sont pas, le plus souvent pour des raisons socio-économiques : « les écarts de développement entre les enfants vont être énormes ».
Alors, que faire ? Une certitude se dégage, résumée par Nathalie Sanglar : « il faut trouver d’autres moyens que les injonctions et les campagnes publicitaires ». Cécile Métayet suggère de donner aux parents des outils « sans les culpabiliser ». Pour remplacer la télévision qui trop souvent envahit les chambres d’enfants, on pourrait aider les familles à instaurer « dès le plus jeune âge de petits rituels du câlin, du jeu et de la lecture ».
Dans le même esprit ludique et participatif, Marion Darracq, professeure au collège de Pouillon, cite l’exemple d’une exposition mobile récente, portant sur l’égalité femmes – hommes : « elle était très bien construite, avec des modules à la taille des enfants ». Il faudrait viser le public des écoles primaires, car « au collège, il est souvent déjà trop tard ». Marlène Maurice, éducatrice de formation, fait valoir son expérience ultérieure dans le domaine de l’addictologie pour souligner « l’impact de la parole du patient expert, c’est-à-dire d’une personne qui a vécu la situation ».
Quoiqu’il en soit, la solution ne peut être unique, selon Marc Rodriguez, qui croit plutôt à « un travail de fourmi ». Le président de l’ARRPPE émet toutefois un postulat : « il faut essayer de mener une prévention prévenante et positive, qui associe dès le début de sa construction les parents et les gens de terrain ».
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