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21/03/2022
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Cette gigantesque forêt des Landes, lumineuse ou lugubre, elle en a fait, pitchoune, son terrain de jeux et de vie. Une enfance en Charente, des vacances à Commensacq, en Haute-Lande où vivaient tous ses grands-parents. « Je n'ai toujours eu qu'une envie : vivre ici. Très tôt, ce pays a sollicité mon imaginaire ». Des balades, seule, dès 7 ans, dans l'immensité silencieuse et bruyante des grands troncs et des sols de fougères, tapis d'aiguilles de pins.
Le gascon ? Ses parents le savaient, ses grands-parents aussi. Mais « on ne le parlait pas vraiment chez nous. Comme souvent, il y avait de la honte ». Isabelle Loubère l'a donc appris sans apprendre, en écoutant surtout sa grand-mère paternelle papoter avec sa vieille sœur : « elles ne se parlaient qu'en gascon, comme des pègues ! À la maison, quand mes parents disaient des choses qu'ils ne voulaient pas qu'on comprenne, ils se parlaient gascon. La transmission s'est faite comme ça ».
À la fac de Lettres à Bordeaux, l'étudiante aperçoit un panneau « Occitan » : « j'y suis allée. Mon professeur Guy Latry, spécialiste d'Arnaudin, m'a dit de lire Bernard Manciet, ça a bouleversé ma vie. Il parle de ce que je connais et ce que je vis dans mes rêves, comme si je rejoignais l'esprit des ancêtres. J'ai voulu réapprendre la langue, je me suis intéressée aux femmes gasconnes qui ne parlaient pas mais avaient beaucoup à dire. Toute ma création s'est faite à partir de cela : parler des petites gens qui n'avaient jamais la parole ». Comme elle l'a aussi fait pour son livre Nous vieillirons ensemble, un échange fort avec des personnes âgées à domicile.
Les « oubliés de l'histoire », cet ex-professeur de lettres s'y penche à nouveau avec son récent projet, Le pauvre Gérard, sur son oncle, soldat de 24 ans mort à la guerre d’Indochine. Son idée ? « Remonter un fil pour lier les Landes à ce pays ».
Il est toujours question de transmission chez Isabelle Loubère qui « conte, chante, écrit cette terre et ces gens » avec d'autres artistes et sa Compagnie « Du Parler Noir ». Dans les écoles, elle partage ses belles histoires bilingues. Dans son atelier « Gasconte », elle imprègne des jeunes adultes de culture occitane. « Ce sont eux qui vont sauver le gascon. Soyons modernes sans renier la mémoire, cette langue est vivante ! ».
Pour s'en persuader, il suffit de la suivre en forêt dans ses Balades contées ou dans son Baraconte, ouvert l'été près de la gare de Marquèze, et écouter ses drôles d'histoires.
À la rencontre des écoliers landais
Depuis une dizaine d’années, Isabelle Loubère participe au « Projet gascon », une opération de sensibilisation à la culture gasconne auprès des élèves de primaire et de maternelle. Avec, à chaque fois, un conte mêlant français et occitan, créé spécialement pour les écoliers landais.
Pour l’édition 2022, la conteuse de Sabres et sa complice Quitterie Duvignac utilisent le théâtre d’objet pour évoquer la course landaise et le mariage traditionnel, tel qu’il était vécu jadis dans les campagnes. Le duo s’est rendu dans 51 classes.
Pour conclure cette 13e édition du « Projet gascon », deux spectacles de restitution, organisés à Bascons et Pomarez les 26 mai et 3 juin, rassembleront les 1 200 écoliers et leurs familles. Les enfants y présenteront leurs travaux, en lien avec la culture gasconne, réalisés durant l’année.
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