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04/01/2022
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C’est une expérience troublante qu’a vécue Sébastien Boueilh durant un mois : se replonger dans son parcours cabossé, par le truchement d’un tournage. Entre 12 ans et 16 ans, le jeune rugbyman de Téthieu a été abusé sexuellement par un proche de la famille, au retour de l’entraînement ou des répétitions de musique. Pendant 18 ans, il s’emmure dans le silence et la colère, épanchant sa rage intérieure à travers la violence, le sexe et l’alcool. Jusqu’au jour où Mathieu, ami d’enfance et compagnon de frasques, lui avoue avoir été victime du même prédateur. En janvier 2009, les deux trentenaires portent plainte contre leur bourreau. Le 29 mai 2013, celui-ci est condamné à 10 ans de réclusion. Et neuf jours plus tard, Sébastien crée à Saint-Paul-lès-Dax l’association Colosse aux pieds d’argile pour sensibiliser les clubs de rugby locaux à la problématique des violences sexuelles en milieu sportif.
Au bout de 8 ans d’existence, la structure a largement débordé les frontières du comité Côte Basque et le champ du sport. Elle compte désormais 21 salariés et a réalisé en 2021 plus de 1 100 interventions dans les écoles et les clubs, partout en France, mais aussi en Espagne et en Argentine. Des centaines de jeunes victimes ont bénéficié d’un accompagnement psychologique et/ou juridique. Des conventions ont été signées avec 44 fédérations sportives. L’ancien rugbyman amateur peut mesurer le chemin parcouru : « À la base, je vendais des pièces détachées de poids lourds. Maintenant, les ministres me demandent mon point de vue. Il a fallu trimer pour montrer qu’un rugbyman, ça sait aussi réfléchir ».
Ce résilient chemin vers la rédemption a fait l’objet d’une autobiographie, Le colosse aux pieds d’argile, parue en 2020 chez Michel Lafon. Le producteur Sydney Gallonde, lui-même rugbyman amateur, se persuade que « ce sujet doit être connu de tous, parce que la peur doit changer de camp. C’est en sauvant qu’on se sauve soi-même ». Le fondateur de Make It Happen Studio décide d’en faire une adaptation télévisuelle et exauce le rêve de Sébastien Boueilh, en convainquant Éric Cantona de jouer le rôle du Landais : « je pensais que nous étions similaires, de par notre caractère impulsif. Et je me rends compte que ça matche ». Au fil du tournage, une « complicité naturelle » - dixit Sydney Gallonde – s’est instaurée entre les deux hommes.
Le directeur de Colosse aux pieds d’argile s’est régulièrement rendu sur le plateau : « Stéphanie Murat, la réalisatrice, et Éric me sollicitaient pour être fidèles aux sentiments qui pouvaient m’habiter dans telle ou telle situation. J’ai pu les conseiller sur des termes, des postures, des silences ». De ce remuant voyage dans les souvenirs qui « fait ressurgir un passé enterré », Sébastien détache un moment particulier : « ils m’ont fait le cadeau de revivre le seul jour que je souhaitais revivre, celui du procès. Et cela a été fait avec une énergie exceptionnelle ».
Le téléfilm sera diffusé sur TF1, à une date encore inconnue. Cette exposition sur la plus grande chaîne de France et un casting 5 étoiles – autour d’Éric Cantona, on retrouve Aure Atika, Alix Poisson, Françoise Fabian, Éric Caravaca…. - promettent de constituer une formidable caisse de résonnance pour le combat mené par l’association landaise.
Celui qui s’est reconstruit en osant briser le silence compte bien utiliser la fiction de TF1 comme un « outil pédagogique » car le but demeure de libérer la parole des victimes : « l’objectif, c’est que beaucoup de personnes se reconnaissent et soient reconnues. Ce qui fait plaisir, c’est que l’on montre enfin des hommes victimes. On est encore trop peu à se lever ».
Un téléfilm accompagné par le BAT 40
Le tournage a eu lieu entre le 19 octobre et le 16 novembre 2021, dans le Grand Dax et à Saint-Sever. Il a été soutenu par le Département et accompagné par le Bureau d’accueil de tournages des Landes (BAT 40).
Un appui précieux, selon Sydney Gallonde, fondateur de Make It Happen Studio, qui coproduit le téléfilm avec Tetra Media Studio : « le BAT 40 assure les pré-repérages des décors et nous fournit mensuellement une liste mise à jour des figurants et techniciens locaux. Parce qu’il n’y a pas qu’à Paris qu’il y a des talents ».
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