Mois landais de l’autisme : un avril « atypique » pour faire bouger les lignes

L’idée de consacrer un mois entier à l’autisme a germé en janvier 2022 dans l’esprit d’Eugénie Larrivière, fondatrice de Ma Maison Bleue à Mont-de-Marsan, un lieu de rencontre et de réconfort – « une bulle d’oxygène », dit-elle - pour les enfants avec handicap, leurs parents et leurs aidants : « ma référence, c’était Octobre rose (qui sensibilise au dépistage du cancer du sein, ndlr). Jusqu’ici, l’autisme n’était bien identifié que le 2 avril, pour la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme. J’en ai parlé au Département qui s’est montré très enthousiaste ».

Le Conseil départemental a donc rassemblé les énergies et fédéré les initiatives des associations partenaires sous la bannière du Mois landais de l’autisme. Une trentaine d’animations (expositions, concerts, ateliers, conférences, séances de cinéma, rencontres sportives, cafés-parents, sensibilisations dans les écoles ou auprès de commerçants) sont donc proposées à Biscarrosse, Campet-et-Lamolère, Lit-et-Mixe, Mont-de-Marsan, Saint-Paul-lès-Dax, Saint-Pierre-du-Mont ou Saint-Vincent-de-Paul.  Pour Xavier Fortinon, président du Conseil départemental, « il est important de mettre en lumière l’ensemble des initiatives prises par le tissu associatif. Ce mois est l’affirmation d’un engagement collectif pour faire évoluer la représentation de l’autisme au sein de la société ». 

Il suffit d’écouter Sébastien Ladois, président d’Autisme Landes et papa de deux enfants autistes, pour comprendre à quel point l’inclusion des personnes atteintes de troubles du spectre autistique (TSA) s’apparente à un long et harassant combat : « quand on est parent, tout est compliqué. On est sans arrêt en train d’expliquer. Ce que les gens voient, c’est un enfant, un ado ou adulte avec des troubles de comportement. Pour tous ceux qui regardent nos enfants de façon étrange, nous, nous les appelons les extraordinaires parce qu’ils montrent de très grandes qualités d’adaptation et qu’ils sont très courageux ». 

Pour Mariline Morin, vice-présidente de l’association Casa dos Landès qui porte un projet d’habitat inclusif pour des jeunes avec tous types de handicap à Sabres, « il y a encore énormément de travail à faire pour l’inclusion à l’école et au travail ou pour adapter les logements aux particularités des personnes autistes. Ce Mois doit servir à mieux parler de l’autisme et à faire comprendre aux gens quelles sont les difficultés rencontrées au quotidien ».

Le programme des animations a donc été conçu avec les associations et les personnes autistes elles-mêmes. Ce qui réjouit Pierre Destarac, accompagné par le Comptoir d’éducation populaire de la Ligue de l’enseignement des Landes pour mettre sur pied un Groupe d’entraide mutuelle (GEM) autour des TSA dans l’agglomération de Mont-de-Marsan : « rien ne peut se faire sans les personnes concernées. Nous sommes les mieux placés pour exprimer nos besoins, nos difficultés et nos forces ».

Le jeune autiste de 25 ans voit dans le Mois landais de l’autisme « l’occasion de montrer la dynamique qui commence à s’enclencher dans le département ». Ainsi, à Biscarrosse, l’association Bisc’Atypique porte le GEM IriDSens et propose tout au long du mois d’avril des animations représentatives de ses activités à l’année : café-parent, séance de cinéma adaptée à un public d’autistes, exposition… 

À Saint-Paul-lès-Dax, l’association Coloc’Adhi organise une journée portes ouvertes pour présenter son projet d’habitat inclusif pour 5 jeunes adultes à Morcenx-la-Nouvelle, qui sera adossé à diverses formes de professionnalisation. « Le but est que tout le monde voit les possibilités et les capacités qu’il y a dans chacun de nos enfants. On les trouve géniaux », explique Nathalie Lapassouse, sa présidente. Celle qui a arrêté son métier de coiffeuse pour s’occuper de son enfant autiste âgé de 19 ans se sent ragaillardie par le maillage qui, peu à peu, prend forme : « je suis Landaise, j’aime ce département et j’en suis fière, encore plus quand je vois tout ce qui se fait ».

Au regard de ces diverses initiatives d’habitat inclusif – on peut citer aussi des projets à Lesperon et à Saint-Perdon -, Xavier Fortinon constate avec satisfaction l’émergence d’une « certaine territorialisation ». Le Département y a pris toute sa part, par le biais de la dynamique « Chacun sa vie, chacun sa réussite », fondée sur le soutien aux projets des associations locales et sur le développement de sa propre solution innovante, en partenariat avec l’ARS Nouvelle-Aquitaine et la Ville de Mont-de-Marsan : un dispositif médico-social (service d’accompagnement, habitat inclusif et hébergement médico-social) au bénéfice de jeunes autistes âgés de 15 à 25 ans. 

Il sera situé dans le quartier de la Plaine des jeux à Mont-de-Marsan. Si les bâtiments d’habitation devraient être opérationnels en 2026, l’accompagnement médico-social devrait se concrétiser au début du second semestre 2023 pour environ 5 à 10 jeunes. Ce volet a été confié à l’association ALGEEI (Association laïque de gestion d’établissements d’éducation et d’insertion) qui gère le foyer « Les Cigalons » à Lit-et-Mixe. 

Catherine Barthélémy, vice-présidente de l’Académie de médecine et présidente du Conseil scientifique de « Chacun sa vie, chacun sa réussite », résume en quelques mots la philosophie guidant l’élaboration du projet départemental : « mettre en lien les usagers, les familles, les partenaires et les scientifiques. Grâce à cette dynamique très fédérative, les étapes se concrétisent une à une ». 

C’est avec la même approche que le Département a conçu la 2^e édition des « Rendez-vous landais de l’autisme » les 6 et 7 avril. L’an dernier, le premier opus avait rassemblé 200 participants. Un succès qui a conduit à étendre ces rencontres sur deux jours en suivant, peu ou prou, la même recette : un savant mélange d’exposés scientifiques pour faire part des avancées de la recherche, de retours d’expérience pour saisir toute la dimension humaine de telle ou telle initiative et d’ateliers participatifs pour stimuler les échanges. Ces « Rendez-vous landais » auront lieu à la Chambre de commerce et d’industrie des Landes et Xavier Fortinon veut y voir un gage de l’implication du secteur économique, facteur essentiel d’une meilleure inclusion au travail des personnes autistes.

Quoi qu’il en soit, Françoise Fiton, référente autisme au Département des Landes, assigne le même objectif au Mois et aux rendez-vous landais : « être un point d’étape qui permet de construire de nouvelles choses ».
 

Programme du Mois landais de l’autisme.

Programme des Rendez-vous landais de l’autisme.