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26/09/2023
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À l’origine du livre, les carnets de l’arrière-grand-père de Patrick Fort, écrits durant la Première Guerre mondiale, sur le front puis en Algérie. Rien de personnel, pas de grand discours ou d’état d’âme, juste des notes, des lieux, des dates, des faits marquants. Bref, un matériau qui laisse la place au champ du roman : « j’avais envie depuis très longtemps d’en faire quelque chose, d’évoquer un homme parmi tant d’autres dans cette période tourmentée. Et je voulais aborder le sujet des fusillés pour l’exemple car je m’intéresse aux zones d’ombre cachées derrière la grande Histoire ».
Dans Là-bas, la forêt m’attend, François, le narrateur, découvre dans les carnets de guerre de son bisaïeul Léon le destin tragique de deux amis d’enfance, forestiers de Bigorre, brutalement plongés dans le brasier du premier conflit mondial. Bouleversé, il se lance dans un combat pour laver l’honneur d’un homme.
« C’est peut-être mon roman le plus personnel, parce qu’il me renvoie à l’histoire familiale et parce que le village de Générès est inspiré de Saint-Pé-de-Bigorre d’où je suis originaire. Je souhaitais parler du piémont pyrénéen, de la nature, des arbres et du contraste entre le pouvoir apaisant de la forêt et la violence des hommes », confie Patrick Fort qui revendique aussi la liberté narrative du romancier : « il y a beaucoup de choses inventées car j’aime bien laisser une frontière floue entre le réel et la fiction ».
Venu dans les Landes par amour, le Bigourdan travaille depuis 20 ans à la Direction générale adjointe des Solidarités du Conseil départemental mais la littérature l’accompagne au quotidien : « je ne peux pas vivre si je ne lis pas ; je ne peux pas m’endormir si je n’ai pas lu au moins une page. Même si je n’écris pas, je pense au livre à venir. Il y a toujours des histoires tapies en moi. ». Ce féru de romantisme allemand – et plus généralement des grands classiques du XIXe siècle – confesse écrire depuis toujours. Des prix récoltés lors de concours de nouvelles le poussent à se rapprocher de la maison d’édition tarbaise Le Solitaire, qui publie ses premiers recueils à partir de 2009.
Puis viennent les romans : Après nous (2012, republié en 2016 par les Éditions Arcane 17) retrace l’histoire de Celestino Alfonso, résistant espagnol membre du groupe Manouchian fusillé à 27 ans au Mont-Valérien. Les deux ouvrages suivants, Le voyage à Wannsee (2018) et Le foulard rouge (2020), ont les honneurs de la Collection Blanche de Gallimard, une forme de Graal pour beaucoup d’écrivains. Respectivement consacrés au suicide en 1811 du poète et dramaturge allemand Heinrich von Kleist et au camp de prisonniers de Gurs, ils continuent de creuser la veine du travail de mémoire cher au romancier.
Patrick Fort avoue avoir « un mal fou » à définir les raisons de son désir d’écriture : « il y a le plaisir des mots, le goût de raconter des histoires et l’envie de susciter des interrogations, de l’émotion, de la réflexion ». Le natif des Hautes-Pyrénées reste émerveillé par le destin que suivent les récits sortis de son imagination. Le 21 novembre 2019, date anniversaire de la mort d’Heinrich von Kleist, l’auteur du Voyage à Wannsee a ainsi été invité par le Berliner Ruder-Club à lire des extraits de son ouvrage dans ce club nautique situé sur le lac de Wansee, non loin de la tombe du romantique allemand.
Là-bas, la forêt m’attend est paru le 4 septembre aux éditions dacquoises Passiflore, dirigées par Patricia Martinez. L’écrivain de Saint-Pierre-du-Mont se réjouit d’être publié par une maison dont il apprécie les choix éditoriaux. Il y voit en outre un joli clin d’œil du destin : « avant d’être l’une des trois fondatrices de Passiflore en 2009, Sylvie Cazaban était formatrice. Je l’avais croisée dans un atelier d’écriture et lui avais confié que je n’avais pas pris le temps d’assouvir mon rêve d’écrivain. Elle m’avait encouragé à le faire et, 15 ans plus tard, me voici publié dans les éditions qu’elle a créées ».
Même s’il est occupé à la promotion de son livre, Patrick Fort pense déjà à la suite : « en ce moment, je réfléchis autour des sœurs Brontë. Impossible de dire ce qu’il en sortira. Cette phase d’incertitude est énervante, mais elle fait partie du processus ».
Là-bas, la forêt m’attend, de Patrick Fort – Éditions Passiflore, 240 p.
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