SAPAL : le bel âge, version 2.0

Et soudain, il y eut le manque, abrupt. La philosophie même du Service d'Animation, de Prévention et d'Accompagnement des Landes (SAPAL), c’est de maintenir les retraités landais dans une dynamique sociale par le biais d’un vaste panel d’activités, qu’elles soient culturelles, sportives ou philanthropiques. Parce que le lien social et l’échange aident à lutter contre le vieillissement. Et le 16 mars, du jour au lendemain, plus de cours de gym, plus de randonnée, plus d’excursion ou d’exposition...

Au début, les animateurs du SAPAL ont pris des nouvelles des uns et des autres, « et puis on s’est vite aperçu qu’il fallait imaginer autre chose que le téléphone », raconte Pierrette Geslot. Avec ses collègues, elle contacte quelques-uns des 300 bénévoles impliqués dans l’organisation des activités du service pour leur proposer d’alimenter une chaîne youtube, « les Sapaliens ». L’idée est accueillie avec enthousiasme, parce qu’elle comble un manque. « J’ai été malheureuse pendant un mois de ne plus avoir de relations sociales et j’ai été bien contente de profiter de  ce nouveau lien », confesse Jeanne-Marie Fritz, ancien professeur d’histoire, qui concocte derechef une série de conférences vidéos sur le patrimoine landais.

La mayonnaise prend vite, les cours de gym totalisent plus de 350 vues. Chacun nourrit le site selon ses centres d’intérêt, on y trouve aussi bien des recettes de cuisine que des comptes rendus d’expositions ou de pièces de théâtre. Un joyeux mélange, fondé sur la notion centrale de partage.

Gérard Promp retrace la saga du Sapal à travers des diaporamas sur l’équipe d’animation, sur des voyages, des randonnées, des expositions. Ses vidéos « faites avec les moyens du bord » n’ont d’autre but que « d’essayer de faire ressortir l’état d’esprit du SAPAL, cette convivialité entre des gens venus d’horizons très différents et qui découvrent des choses qu’ils n’auraient jamais connues en restant seuls dans leur coin ».
 

« Les Sapaliens » reflètent aussi le dynamisme de ce service sans égal en France à l’échelle départementale. Avec ses compères du projet « Passeurs d’émotions », Jacqueline Mazataud restitue des histoires de vie recueillies auprès de personnes âgées à domicile ou en EHPAD : « C’était touchant que cette humanité soit transmise. J’en parle à ma famille, je leur dis d’aller voir ce que l’on est capable de faire dans les Landes. Cela valorise la créativité landaise ».

L’élan est pris, les bénévoles du SAPAL ont pris goût à l’exercice numérique d’autant que la situation sanitaire invite toujours à la prudence : «  Le public du SAPAL ne sort pas encore autant à l’extérieur que les générations plus jeunes. Avec raison, je pense », glisse ainsi Jeanne-Marie Fritz. D’autres vidéos seront donc postées dans les semaines à venir. Et si tous espèrent que les activités reprendront, que les indispensables liens sociaux se renoueront tôt ou tard, la dynamique numérique ne s’arrêtera pas, veut croire Jacqueline Mazataud : « Pour que la chaîne youtube continue, il faudra rester créatif, car en reprenant les activités, il y aura des choses à dire et à montrer ».