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29/11/2021
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Construit en pin des Landes, chauffé par géothermie et isolé avec de la laine de bois, le Pavillon de l’Écomusée de Marquèze était le lieu idoine pour accueillir la signature de la stratégie départementale de la transition énergétique 2021-2030. Le document, paraphé le 26 novembre par Cécile Bigot-Dekeyzer, préfète des Landes, et Xavier Fortinon, président du Conseil départemental, affiche des « objectifs ambitieux » selon la représentante de l’État : à l’horizon 2030, les Landes visent 25 % de réduction de la consommation d’énergie et 84 % de part d’énergie renouvelable (EnR) locale sur la consommation totale (contre 39 % actuellement). Un effort significatif sur deux leviers – la sobriété énergétique et le développement des EnRs -, qui doit mener le département à l’autonomie énergétique en 2033. « Ce n’est pas rien », résume le président Fortinon dans un euphémisme assumé.
« Ce sont des objectifs atteignables », affirme Henri-Louis Gal, gérant du bureau d’études Axenne, qui a animé depuis février 2020 une démarche partenariale intégrant l’État et ses agences (ADEME*, DDTM**), la Région, le Département, les 18 EPCI*** landais, les Chambres consulaires, les fédérations du bâtiment, les transporteurs, les distributeurs d’énergie, les associations… 12 webinaires organisés sur 6 thématiques (mobilité du quotidien, rénovation thermique, chaleur renouvelable et fatale, méthanisation et gaz vert, photovoltaïque, industrie) ont rassemblé près de 350 participants. Cécile Bigot-Dekeyzer peut à bon droit estimer que le plan d’actions entériné à Marquèze est « la conclusion d’une stratégie partagée ».
La sobriété énergétique est le premier axe de la feuille de route. Le département a pris de l’avance dans certains domaines comme la rénovation énergétique, puisque tous les EPCI se sont dotés de plateformes gratuites de conseil. Selon la préfète, 5 500 foyers landais ont déjà demandé à bénéficier de MaPrimeRenov’. Sans doute parce que les travaux allègent considérablement la facture énergétique des ménages : 800 euros en moins en moyenne par an, d’après Patrick Sabin, vice-président de la Communauté de communes Cœur Haute Lande qui a lancé en décembre 2017 le guichet Préco-Réno. Le chantier landais s’annonce colossal avec 9 000 maisons, 2 700 appartements, 2 200 locaux tertiaires et 200 bâtiments industriels à rénover chaque année. « Il faudra que le tissu industriel et artisanal réponde » à cette demande, prévient Xavier Fortinon.
Concernant la maitrise des mobilités, le Conseil départemental mise sur la fibre pour tous les Landais fin 2022, l’incitation au covoiturage ou le développement des itinéraires cyclables. Sans oublier le Plan de mobilité de l’administration avec la mise à disposition de vélos pour les agents effectuant de courts déplacements.
La Chambre d’agriculture sera étroitement associée aux groupes de travail dédiés. Henri-Louis Gal soulève la piste de l’agro-carburant, plutôt que l’électrique, pour équiper les tracteurs. Eric Aufaure, coordinateur du pôle Transition énergétique à l’ADEME, évoque, lui, une « réflexion sur la modification des pratiques culturales afin de résoudre l’enjeu de la réduction des gaz à effet de serre ».
Horizon 2030 : réduction de la consommation par secteur
Résidentiel : - 37 %
- déploiement d’une plateforme départementale de rénovation énergétique
- programme de rénovations groupées
Tertiaire : - 29 %
- 2 200 appartements rénovés par an
- accompagnement des entreprises de la rénovation
Industrie et services : - 7 %
- 200 bâtiments rénovés par an
- développement des services de proximité et du télétravail
Transport : - 35 %
- favoriser le recours aux modes actifs (vélo, marche)
- encourager les déplacements partagés
- soutien aux motorisations alternatives (électrique)
Agriculture : - 30 %
- mise à disposition de bancs-tests pour les tracteurs
- modification des pratiques culturales
Avec 39 % de couverture de la consommation en 2019 par les énergies renouvelables, les Landes sont d’ores et déjà en avance sur l’objectif national de 33 % assigné pour 2030 par la Loi énergie-climat. Ce bon résultat provient en majeure partie de la biomasse industrie (combustion des déchets renouvelables des papeteries et des scieries) et du bois de chauffage des ménages. Les ressources du territoire vont continuer à être exploitées pour poursuivre cette lancée. Dans le domaine de la production de chaleur renouvelable, le bois énergie, la récupération de chaleur et la géothermie vont être mis en avant. L’ADEME jouera son rôle en collaboration avec le Département et le Sydec, précise Eric Aufaure : « il faut aller chercher de nouvelles opérations, faciliter l’accès aux ENR thermiques pour les porteurs de projets publics, via un guichet unique. L’accompagnement du Sydec garantira un suivi local sur la durée ».
La production d’électricité sera essentiellement assurée par un effort massif sur l’énergie solaire, avec une diversification des centrales photovoltaïques au sol et sur les toitures. Les Landes sont le deuxième département de France pour la production d’énergie photovoltaïque, mais le potentiel reste encore immense. Pas question pour autant de brader le patrimoine naturel, avertit Xavier Fortinon : « On va privilégier les surfaces anthropisées (c’est-à-dire précédemment exploitées par l’homme). On s’efforcera de ne mobiliser que de manière raisonnable les parcelles forestières et agricoles. On procédera à des tests pour déterminer les cultures qui peuvent accueillir de l’agrivoltaïsme ».
Les retombées économiques de cette accélération de la production d’énergie renouvelable - combinée à la baisse de la consommation - sont estimées à 920 millions d’euros en 2030 pour le département.
Le développement du photovoltaïque en 3 actes
2021 – 2023 :
- recensement des surfaces anthropisées (c’est-à-dire artificialisées : friches industrielles, parkings, toitures, etc.)
- expérimentation de l’agrivoltaïsme (panneaux solaires au-dessus des cultures agricoles) et du flotovoltaïque (sur les plans d’eau)
- cadrage sur les espaces naturels agricoles et forestiers (NAF)
2024 - 2027 :
- accélération sur les surfaces anthropisées
- développement de l’agrivoltaïsme et du flotovoltaïque
- définition des objectifs maximaux sur les NAF
2028 – 2030 :
- massification pour l’atteinte des objectifs
Durant les 10 prochaines années, le Département jouera son rôle d’animateur, au côté de l’État. « Chaque EPCI sera destinataire de la stratégie en local. Il s’agit de rendre équitables et homogènes ces politiques dans tous les territoires », explique Lucie Taverne. Le président Fortinon prévoit « des rendez-vous d’évaluation chaque année » afin d’ajuster la stratégie en temps réel.
Pour Patricia Beaumont, conseillère départementale en charge de la Transition énergétique, la condition sine qua non de la réussite du plan d’actions repose sur l’adhésion des Landaises et des Landais à ces profonds changements d’habitudes et de mentalités : « il faut réussir à mobiliser la population. Il y a toute une communication, une dynamique, à mettre en œuvre. Il faut démontrer aux habitants que, sans eux, on n’y arrivera pas ».
* ADEME : Agence de la transition écologique
** DDTM : Direction départementale des territoires et de la mer
*** EPCI : Établissement public de coopération intercommunale. Soit 16 Communautés de communes et 2 Communautés d’agglomération dans les Landes
Pour aller plus loin
Les sites du département