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Pour la 5e année consécutive, Antoine Allard a embauché plusieurs mois chez Soléal-Bonduelle à Bordères-et-Lamensans, entre Mont-de-Marsan et Aire-sur-l'Adour. Cette année, ce papa de 28 ans, formé initialement dans les espaces verts et les travaux paysagers dans l'Oise, était au poste lavage du maïs doux dans l'entreprise agro-alimentaire.
La différence avec les fois précédentes, c'est qu'il a, au final, mieux gagné sa vie, en bénéficiant du cumul RSA/emploi saisonnier. « Ca nous a bien aidés franchement, ça a permis de payer des choses qu'on ne pouvait pas avant, comme la révision du scooter : ça fait deux ans que je le tire au max, là j'ai pu enfin le faire réparer. Et j'ai même mis de l'argent de côté pour pouvoir passer le permis de conduire », explique l'habitant de Saint-Pierre-du-Mont qui fait jusqu'ici les allers-retours à deux roues.
Pour le jeune homme qui vit en couple avec deux enfants, l'an passé avait été compliqué, car malgré ses heures de travail, le temps que le RSA soit basculé, il avait subi un mois complet sans aucun revenu. Le cumul, « ça donne plus envie de travailler parce qu'on sait qu'on ne perd pas des droits derrière, ce qui peut, sinon, nous mettre en difficulté », dit-il. C'est tout l'enjeu du nouveau dispositif mis en place par le Conseil départemental.
Ce cumul, possible dans la limite de 300 heures de travail par an sur des contrats saisonniers dans les secteurs agricoles, agroalimentaires, touristiques ou en remplacement dans le secteur public ou associatif du grand âge et du maintien à domicile, doit permettre de lutter contre la pauvreté et de favoriser l'insertion professionnelle. Déjà expérimenté notamment en Gironde et en Dordogne, il vise à « accompagner les titulaires du RSA vers un retour à l’emploi, leur remettre le pied à l’étrier dans leur parcours parfois chaotique vers la réhabilitation sociale », souligne Paul Carrère, vice-président du Conseil départemental en charge des Affaires sociales.
Car il arrive régulièrement qu'un allocataire du RSA (564 € mensuels pour une personne seule) refuse ou hésite à accepter un travail saisonnier, de peur de se retrouver un temps sans revenu puisqu'un contrat, même de courte durée, peut mettre fin au versement des aides du fait du calcul trimestriel de l'allocation.
A la Maison landaise de la solidarité de Parentis, Mickaël Castaingts a accompagné plusieurs allocataires vers le dispositif. Jusqu'ici, « le bilan est positif : c'est l'occasion pour certains de se remettre au travail, pour d'autres de financer la réparation de la voiture, tout en pourvoyant des postes dans des secteurs qui, souvent, peinent à recruter », relève le référent RSA. Alors que la reprise d'un emploi est parfois génératrice de frais (essence, transports, garde d'enfants, etc.) avant d'être rémunératrice, ce spécialiste reconnait qu'il pouvait parfois être « dissuasif d'aller travailler car la personne avait ensuite du mal à payer ses charges une fois le contrat fini, dans l'attente du RSA au trimestre d'après ».
D'avril à mi-octobre, ils étaient 77 Landais (58 % de 36-55 ans et 68 % inscrits au RSA depuis plus de deux ans) à avoir bénéficié du cumul, essentiellement dans l'agriculture, l'agroalimentaire, l'hôtellerie-restauration, pour 111 224 € de « salaires neutralisés » sur 12 371 heures travaillées. Ayant trouvé du travail comme femme de chambre à la Villa Mirasol à Mont-de-Marsan alors qu'elle vivait à Dax, Nita Philipot a pu, grâce à la mesure, « mettre des sous de côté pour peut-être payer la caution » d'un futur appartement alors qu'elle est actuellement logée chez une amie : « ça aide bien », dit-elle sobrement.
Alice Burgeat n'avait, elle, plus travaillé depuis six ans car elle s'occupe à l'année de son fils atteint de troubles autistiques, et lui assure l'enseignement à domicile via le CNED. Cet été, pendant qu'il castrait le maïs maintenant qu'il est adolescent, la quadragénaire s'est remise au boulot, préparant des sandwichs dans une boulangerie-snack de Moliets : « c'est une bonne expérience de replonger dans le monde du travail, de rencontrer des gens différents. J'ai fait un mois et demi au Smic, si on me sucrait mes 3 mois de RSA derrière, ça aurait eu beaucoup moins d'intérêt. Si le dispositif existe l'an prochain, je le referai ! », fait valoir l'ancienne sérigraphe et auxiliaire de vie scolaire en école primaire.
Cet automne, le dispositif se poursuit avec notamment la récolte des kiwis et bientôt la saison de ski en station puisque la personne qui fait la demande doit être landaise, pas forcément l'employeur. « C'est très facile d'en bénéficier, j'ai simplement envoyé les papiers au Conseil départemental qui a fait le nécessaire pour demander à la CAF la neutralisation du salaire dans le calcul du RSA », témoigne Jessica Etcheverry qui a remplacé une salariée au CIAS du Pays d'Orthe, pour de l'aide à domicile et des livraisons de repas, elle qui est employée familiale polyvalente depuis une vingtaine d'années.
Si les métiers du grand âge et du maintien à domicile sont aussi concernés pour le cumul, il est parfois plus complexe d'y orienter les publics. « Travailler au côté de personnes dépendantes ce n'est pas facile si on est soi-même fragile, ce qui est parfois le cas de personnes au RSA », relève Serge Meynadier qui veut « agir plus encore sur les potentialités des gens, car nul n'est inemployable ».
Dans un contexte des plus incertains lié à la crise sanitaire, « favoriser la reprise d'emploi est donc un enjeu fort, social, financier et économique », souligne ce responsable à la direction de la Solidarité départementale. De tous les départements de Nouvelle-Aquitaine, les Landes est celui qui, par rapport à la moyenne régionale, offre le plus de contrats temporaires de moins de 5 mois. « Quand tout va bien, l'activité est importante avec moins de chômage qu'ailleurs, mais quand les secteurs qui sont nos atouts souffrent, le chômage est important. On l'a vu avec la crise aviaire, et là avec le confinement », fait valoir M. Meynadier.
Au fil des mois, les départements sont et seront fortement impactés par l'augmentation du nombre de bénéficiaires du RSA. À cause du coronavirus, le gouvernement s’attend nationalement à une hausse moyenne de près de 9 % des bénéficiaires du RSA en 2020. Entre août 2019 et août 2020, ce sont déjà 1 200 foyers landais de plus qui l'ont obtenu. De mars à septembre, les entrées au RSA ont augmenté, les sorties ont diminué, avec pour conséquence des paiements d'allocation à la hausse, représentant, en moyenne, un demi-million d'euros de dépenses supplémentaires chaque mois pour le Département. L'enjeu est clair : « maintenir la solidarité sans réduire le modèle d'insertion ».
Comment bénéficier du cumul RSA/emploi saisonnier ou métiers du grand âge ?
Faire une demande au Conseil départemental en joignant la copie du contrat de travail stipulant le type d’emploi, les coordonnées de l’employeur, la durée et la rémunération ainsi que les feuilles de paye :
• par courrier à :
Conseil départemental des Landes,
Direction de la Solidarité, Pôle social, Service RSA
23 rue Victor Hugo - 40025 Mont-de-Marsan Cedex
• par email à : rsa@landes.fr
Plus d'infos ici.
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