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Sorties à Basket Landes et au Stade Montois Rugby pour des résidents de l'établissement de Saint-Sever, séance de cirque adapté avec spectacle de fin d'année à l'Ehpad de Geaune avec les adolescents du village, plouf en piscine thermale à Dax avec le Village Alzheimer qui a aussi invité, entre autres, un artiste pour créer une chanson avec les villageois, émission de radio en podcast sur Radio MDM avec les jeunes du lycée Wlérick par l'Ehpad du CIAS de Mont-de-Marsan, atelier slam sur les anecdotes des anciens avec expo et spectacle à partager à Lit-et-Mixe, concert classique avec chanteurs lyriques à Gamarde, et même, projet de cours de surf sur la côte depuis Saint-Vincent-de-Tyrosse... Les idées ne manquent jamais aux animateurs professionnels des Ehpad landais pour faire vivre les résidents à l'intérieur ou à l'extérieur des établissements.
« Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait ! » : la formule, généralement attribuée à Mark Twain, est une des préférées de Corinne Suzan, animatrice à l'Ehpad des 100 marches de Montfort-en-Chalosse, qui depuis 32 ans, a vu évoluer le métier. « Au départ, on était polyvalente, ça allait de l'aide au repas au linge, et seulement un quart du temps était dédié à l'animation », rembobine la professionnelle, « un jour, je suis allée voir le directeur en lui disant que je venais parler à l'homme qu'il était pour lui dire qu'il fallait faire de l'animation tous les jours, qu'il y avait de réels besoins ».
C'est vers le début des années 2010 que l'animation a été sectorisée avec peu à peu des professionnels dédiés dans les établissements. Un à mi-temps ou à plein temps, parfois plusieurs.
À Montfort, où il y a 66 résidents dont certains extrêmement dépendants, elles sont deux, à user de leurs grandes qualités de sincérité, de simplicité, de naturel et d'envie au quotidien. Pour Corinne Suzan qui avait démarré par un Bafa animatrice colonie de vacances pour les jeunes avant de beaucoup se plaire avec les seniors, l'animation est bien « un soin, c'est fondamentalement obligatoire pour aller bien. C'est se prouver qu'on est encore capable de faire quelque chose, que ce soit autour de la mémoire, du manuel ou du cognitif ». Sa collègue, Florence Tastet qui vient « tous les jours avec plaisir au travail qui apporte beaucoup », ne dit pas autre chose : « s'il n'y a pas d'animation, ça ne vit pas, c'est comme une thérapie non médicamenteuse. Grâce à nous, tout le monde va un peu mieux ».
« Elles font beaucoup d'efforts pour faire passer du bon temps aux résidents, ça met de l'ambiance et ça fait vivre les lieux », témoigne Marie-Jeanne, retraitée en Gironde qui vient très régulièrement voir sa mère, dans cette « petite structure familiale où tout n'est pas parfait mais rien n'est parfait nulle part ! » Lulu, 102 ans, continue ainsi à faire de l'exercice, « un peu de gymnastique, des jeux de mémoire. Ça fait du bien, sinon on est fichu », lance, en pliant des serviettes, l'ex-gérante du café des sports de la commune.
Car comme partout, il y a les immuables de l'animation avec des repères hebdomadaires : scrabble, triominos et belote le lundi, ateliers manuels le mardi, gym le mercredi grâce à un intervenant du Département, avec détour au marché aux beaux jours, mémoire le jeudi, etc. Grâce au Budget Participatif Citoyen des Landes, l'Ehpad a été aussi lauréat d'une console magique Tovertafel qui crée des mouvements sur la table en interaction, régulièrement utilisée.
Nouveauté cet hiver, les résidents se sont affairés à décorer le char de l'Ehpad, dans la grande salle commune, pour participer au carnaval de Montfort le 16 mars, entre fleurs, papier crépon et masques dessinés. Les familles et bénévoles qui sont les résidents de demain, défileront ensemble le jour J. Comme ils se réunissent aussi pour les fêtes de la ville le dernier week-end de juillet ou pour le marché des producteurs en août. Des repas à l'extérieur pour les plus en forme, comme lors des virées au McDonald pour manger avec les doigts ou « plus tradi », à l'Auberge de Gamarde-les-Bains.
L'Ehpad participe aussi au concours de calendrier annuel de l'Agheil (Association des acteurs de la gérontologie et du handicap en établissements et institutions landais) : « ça fait trois ans qu'on gagne, avec cette année, le prix de l'émotion et nos 12 mois autour de familles du monde ». Le traditionnel octobre rose pour le dépistage du cancer du sein passe ici par des photos de mamies de l'Ehpad, seins nus cachés par leurs mains et lunettes roses fantaisie, avec le slogan « regardez-moi dans les yeux, j'ai dit les yeux ! »
Des projets propres à l'Ehpad au quotidien et aussi des animations avec les autres établissements landais affiliés à l’Agheil et souvent coordonnées par le Sapal (Service d’animation, de prévention et d'accompagnement des Landes, créé en 1986 par le Département), qui les accompagne de façon générale dans un rôle de médiateur entre professionnels et porte des projets comme les balades en fauteuil avec des bénévoles d'Equip'Âges, de la gym sur chaise ou des Jeux olympiques adaptés.
« On mène parfois des projets communs, comme la prochaine sortie pique-nique à l'étang de la Glacière à Saint-Vincent-de-Paul fin mai avec des résidents de plusieurs Ehpad », relève Corinne Suzan, très impliquée avec l'Agheil et le Sapal.
« Les rencontres inter-Ehpad, c'est très intéressant, ça offre un travail en équipe pour ne pas se sentir esseulée », enchaîne Émilie Destribois, animatrice à l'Ehpad de Saint-Pierre-du-Mont (80 résidents) qui utilise parfois aussi le logiciel Culture à vie pour trouver des idées, comme pendant le Tour de France. Un de leur projets podcast a même été repris sur cette plateforme collaborative nationale qui nourrit l'activité de tous les animateurs landais grâce à un abonnement annuel du Conseil départemental, via le Sapal.
Une aide de plus dans la professionnalisation du métier, avec des animateurs qui ont toute leur place dans l'équipe soignante pluridisciplinaire : « parfois les résidents prennent plus le temps de se confier à nous, on peut servir de relais », témoigne-t-elle.
Les professionnels ont aussi, petit à petit, dû s'adapter aux changements de publics. « Au départ, les gens étaient très autonomes à leur arrivée en maison de retraite, ils sortaient, il y avait une vraie dynamique. Avec le développement des services à domicile, les personnes arrivent plus dépendantes, avec des troubles cognitifs plus forts. Il s'agit de s'adapter pour créer de la cohésion et bien vivre tous ensemble avec des personnes très hétérogènes », souligne Émilie Destribois : « on peut monter plein de projets mais ce qui se passe à l'extérieur concerne finalement peu de résidents de l'Ehpad, alors il faut savoir faire d'autres choses à l'intérieur pour toucher tout le monde ».
Ce jour-là pour la Chandeleur, avec aussi Laetitia Daugreilh, l'autre animatrice qui tourne sur les Ehpad du Marsan, des résidentes ont préparé la pâte à crêpes pour les faire cuire pour le goûter, dans la grande salle commune où le projet intergénérationnel avec des lycéens montois sur l'égalité hommes-femmes s'affiche sur les murs. Charline, qui fait sauter les crêpes, est d'ailleurs en stage à la Résidence Saint-Pierre pour son diplôme Animation Enfance Personnes âgées au lycée Wlérick : « l'Ehpad est une belle découverte, ça apporte plein de choses, de la confiance en soi, de la créativité, etc. grâce notamment à ma tutrice qui me donne beaucoup ».
« C'est important de montrer que l'animation se réinvente constamment, qu'il y en a pour tous les goûts », fait valoir Mathieu Henry, président de l'Agheil qui met toujours en avant toutes les propositions du Sapal et propose des plans de formation annuels aux animateurs, comme sur le rôle et la place des familles, toujours ravies d'être intégrées dans la vie de l'Ehpad. Son credo, toujours répété aux professionnels du territoire : « Rêver grand ! » pour « continuer à faire du résident un citoyen à part entière qui interagit avec le plus de monde possible. Car l'institution doit protéger les gens mais il faut aussi vivre et faire en sorte de garantir cette vie ! »
Le Département acteur du financement des animations
Le fonctionnement du Sapal, seul service public départemental d’animation gérontologique en France, représente un budget de 500 000 € pour le Département des Landes.
Par ailleurs, via la conférence des financeurs, devenue commission des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie et de l’habitat inclusif (CCFPPAHI) qui réunit le Conseil départemental, l'ARS, les caisses complémentaires et inter-régimes, la Mutualité française, la CPAM, l'UDAF ou encore la CDCA , 440 000 € d'actions de prévention de la perte d'autonomie dans les Ehpad landais ont été financés en 2024, entre ateliers numériques, hortithérapie, médiation animale, danse, art-thérapie, activité physique adaptée, sophrologie, théâtre, etc.
Pour 2025, le budget est à peu près équivalent, autour de 460 000 €. Un chiffre qui a triplé en dix ans. « C'est un appui supplémentaire pour permettre des actions que les Ehpad ne pourraient pas financer, notamment pour des prestataires extérieurs », souligne Florence Martine, chargée de la CCFPPAHI à la Direction de l'Autonomie du Conseil départemental. Mais, pondère-t-elle, « ce n'est pas un financement pérenne, il faut que les structures soient dans une dynamique et proposent, chaque année, des actions novatrices ». Les comités techniques se réunissent fin février pour étudier les dossiers et valider les actions en commission plénière.
Pour aller plus loin
Les sites du département