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Aide alimentaire : les associations landaises face à la demande

13/09/2023

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Anne-Marie Barge et Geneviève Pinque (Banque alimentaire) © J. D.

Ce 12 septembre, une dizaine d'associations et institutions* ont été réunies par le Département pour un état des lieux général dans un contexte d'inflation qui accentue la demande d'aide alimentaire.

Au niveau national, les difficultés financières ont récemment contraint les Restos du Coeur à réduire le nombre de bénéficiaires de leur aide alimentaire cet hiver alors que du fait de l'inflation des denrées et de la hausse du prix du carburant, près d'un Français sur cinq ne mangerait pas à sa faim, selon le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc). 

Moins de repas par famille aux Restos du Coeur

Dans les Landes, si l'association caritative fondée par Coluche en 1985 a une bonne trésorerie, « on s'inquiète d'une dotation nationale qui pourrait baisser, voire disparaître », relève Simone Plantard, une des responsables : « les directives qui viennent de l'antenne nationale nous imposent de diminuer les repas. Une personne seule qui jusqu'ici avait droit à 9 repas par semaine, n'en aura plus que 6. Pour les familles, ce sera 4 repas, au lieu de 6 ». Le lait qui pâtit de gros problèmes d'approvisionnement ne devrait être distribué qu'à raison d'un litre par semaine par famille contre un par personne précédemment. Et les distributions de produits à l'épicerie selon le système de points devraient également être touchée. Aux Restos du Coeur, durant cette campagne d'été qui n'est pas terminée, 2 845 familles ont été servies, contre 2 800 cet hiver. 

Simone Plantard (Restos du Coeur) © J. Ducourau

 

Du côté du Secours populaire, de septembre 2022 à septembre 2023, une augmentation de la demande s'est surtout fait sentir dans les agglomérations de Dax et Mont-de-Marsan (18 à 23 % de plus) tandis que sur des territoires comme Hagetmau, elle a baissé de 20 %. 4 253 Landais faisaient appel à l’association caritative fin 2022 pour de l'aide alimentaire et d’autres services, contre 3 426 en 2020. Globalement, les chiffres traduisent une hausse depuis la crise Covid.

On retrouve des gens qui travaillent et certains d'entre eux dorment dans la rue. Quand un couple se sépare, un petit problème de rien du tout comme une panne de voiture dans des finances compliquées, fait que la descente est très rapide. Au moins, avec la cantine scolaire, on sait que les enfants mangent une fois par jour.

Citation de Martine Salmon, secrétaire générale de la Fédération des Landes du Secours populaire

 

Parmi les bénéficiaires, le reste à vivre est souvent largement inférieur à 5 € quotidiens, une fois le logement et toutes les obligations payées.

Martine Salmon (Secours populaire) © J. Ducourau

 

Sur les publics, un changement sociologique a été pointé par Estelle Pasquer du CIAS Terres de Chalosse à l'épicerie solidaire de Maylis et au CABA de Hinx (Collectif d'accompagnement budgétaire et alimentaire) : « nous voyons davantage de travailleurs pauvres, des gens au Smic, des retraités et une pérennisation de la fréquentation qui interroge ; ils sont dans la spirale et n'arrivent pas à en sortir ».

Réajuster les aides au cas par cas

Pour les associations qui souvent manquent également de bénévoles, et notamment des personnes capables d'accompagner des gens sur des questions financières, une autre problématique concerne l'approvisionnement. « Dans le temps, on arrivait à avoir des invendus des hypermarchés. Maintenant, la plupart préfèrent vendre à prix cassés dans leurs rayons avec des paniers moins chers sur les produits bientôt périmés. Ils mettent à disposition des associations seulement des contenus à dates du jour, que les associations ne peuvent ensuite pas distribuer car ils sont périmés... », déplore Mme Salmon.

Xavier Fortinon, président du Conseil départemental des Landes, avec les conseillers départementaux Frédéric Dutin et Sylvie Péducasse © Charline Doussang | Dpt 40

 

Même topo à la Banque alimentaire des Landes où la trésorière Anne-Marie Barge dénonce des grandes surfaces qui « s'assoient sur la loi Garot » imposant pourtant les dons aux associations caritatives. « Il est de plus en plus dur de donner une alimentation équilibrée aux gens dans les 60 associations landaises servies (12 000 bénéficiaires), nous n'avons pas assez de fruits et légumes et un gros problème sur les produits carnés et protéinés. Alors si on nous donne des sous, on n'achètera que de la nourriture, et des fruits et légumes, on s'engage là-dessus. À la Banque alimentaire (budget de 300 000 €/an), nous n'avons quasiment pas de frais de fonctionnement », assure-t-elle.

Cet état des lieux fait, le Conseil départemental va étudier les situations financières association par association. « Cela va nécessiter une analyse au cas par cas, a expliqué le président Xavier Fortinon. On soutient ces structures depuis de nombreuses années (94 000 € pour l'aide alimentaire en 2013, 244 000 € en 2022), il faut voir comment les accompagner et réajuster le dispositif dès cet automne ».

 

* Restos du cœur, Secours populaire, Secours catholique, Banque alimentaire, L'Idéal, Sans façon, L'entraide du Seignanx, L'épi de Chalosse (CIAS Terres de Chalosse), CIAS de Mimizan, La Ruche landaise, Le Panier montois. 

 

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