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« Cahiers de l'Adour » : Lydie Arickx en performance avec des collégiens

02/05/2023

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© S. Zambon | Dpt40

Des 4e du collège Elisabeth et Robert-Badinter d'Angresse ont investi l'atelier de l'artiste aux œuvres monumentales pour le tome 2 des « Cahiers de l’Adour », un projet départemental transversal.

Ils n'ont eu qu'à traverser la route départementale pour passer du collège d'Angresse à l'atelier de Lydie Arickx. Là, au bout de l'allée très arborée et accidentée où se mêlent œuvre tauromachique, fantômes de métal, vieil arbre renaissant et pièces géantes en cours de création, une vingtaine de 4e ont passé quatre après-midis, fin avril, à apprendre de l'artiste pour composer leur propre œuvre, ensemble.

Dans le hangar immense et épique, ancien entrepôt de maçonnerie de son père, la session de trois heures démarre par un temps de création les yeux fermés, chacun devant son papier kraft agrafé au mur, en blouse blanche, la peinture dans les mains.

 

Travaillez un corps humain les bras écartés comme s'il allait voler. On ne le dessine pas, on le masse, on sculpte le corps, on fait venir la forme de l'intérieur. Et oubliez la consigne, laissez-vous aller, la musique (heavy metal ce jour-là, ndlr) est un vecteur de lâcher-prise, pour de la création pure. Fermer les yeux permet de trouver son écriture à soi. Allez-y grand !

Citation de Lydie Arickx (peintre et sculptrice)

Une grosse minute plus tard, quelques belles toiles, étonnantes, en ressortent dont les meilleures pourraient être exposées bientôt au collège, suggère l'artiste, toujours impatiente de « partager la culture, de plonger dedans même si on ne sait pas nager », comme elle le fait depuis longtemps dans ses ateliers avec des écoles primaires, des malades d'Alzheimer ou des chefs d'entreprises.

Avec le gyotaku, des anguilles sur toiles

Passée l'introduction, sortent de la glace pilée des maquereaux, sardines, grondins et poulpes au milieu d'anguilles pour le gyotaku. Quèsaco ? C'est un art traditionnel japonais consistant à imprimer l’empreinte d’un poisson sur du papier ou du tissu, un moyen pour les pêcheurs à l'époque d'avant la photographie, de représenter leurs plus belles prises. Le « oh ça me dégoûte » en séchant le poisson visqueux avant de le peindre, devient vite « c'est stylé de ouf ! » en contemplant l'effet obtenu sur les vieux draps épais.

La fresque de deux fois six mètres sur les fonds marins se précise au fil des jours. Elle raconte en image le texte écrit en amont par les jeunes en cours de français, sur l'histoire héroïque d'une anguille, de la mer des Sargasses à l'Adour. « Dans la peau d'un poisson migrateur », mis en son en cours de musique, a été également alimenté par les connaissances apprises en cours de sciences de la vie et de la terre (SVT). « L'anguille va, dans son cycle biologique, de la mer vers l'eau douce puis à nouveau vers la mer. Nous avons étudié ses métamorphoses, son comportement alimentaire, le braconnage des pibales. Nous sommes aussi allés à Soustons où des spécialistes dénombrent leur population. Les élèves se sont servis de tout ça pour écrire leur texte », témoigne Thierry Coince, professeur de SVT. « Ils sont partis de notions réelles pour ensuite déconstruire et générer leur création propre », explique Laétitia Mertens, la professeure d'arts plastiques qui connaît Lydie Arickx depuis des années : « ce qu'elle donne là aux élèves est exceptionnel. »

 

Le gyotaku est un art traditionnel japonais consistant à imprimer l’empreinte d’un poisson sur du papier ou du tissu. © S. Zambon |Dpt40

Une restitution à Dax en juin

Le collège Elisabeth et Robert-Badinter d’Angresse est un des six établissements participant cette année au tome 2 des « Cahiers de l’Adour », un projet pédagogique alliant étude de la biodiversité (en l’occurrence les poissons migrateurs) et création artistique. Des 5e de Montfort ont ainsi travaillé avec l'auteur et illustrateur Gilles Kerloc’h, des 6e de Pouillon avec la plasticienne Nathalie Laumond-Clémenceau, d'autres de Morcenx avec l'illustrateur Sébastien Chebret, ceux de Soustons avec l'auteur de BD Maria-Paz Matthey et de Labouheyre avec la conteuse gasconne Isabelle Loubère. « Après trois ans sur les lagunes et trois ans sur les grues, c'est la deuxième année dédiée à l'Adour dans un nouveau cycle de trois ans avec des classes différentes chaque année », relève Sophie Halm, technicienne naturaliste et coordinatrice du projet à la direction de l'environnement au Département. Une restitution (non ouverte au public) aura lieu le 20 juin à l’Atrium de Dax avec toutes les classes pour un temps d'échanges, entre mises en scène théâtrales et lectures d'extraits des récits des collégiens.

La fresque de six mètres raconte une épopée sous-marine de la mer des Sargasses à l'Adour © J.D.

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