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29/10/2024
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Au premier coup d’œil, la belle bâtisse blanche à deux étages, aux larges fenêtres, solidement plantée dans un beau jardin à deux pas de l’Adour à Larrivière-Saint-Savin, fait penser à une chaleureuse maison de vacances pour famille nombreuse. L’association l’Escale ne s’y est pas trompée, en y déménageant « L’Escale de vie », un lieu de séjour de 6 places où des jeunes de 8 à 16 ans placés en famille d’accueil ou dans des établissements de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) viennent passer le week-end ou les vacances scolaires. Luna et Alicia, qui ont connu le précédent site à Hagetmau, mesurent le changement : « on apprécie que la maison soit beaucoup plus grande avec un vaste salon et un jardin où on peut sortir. On n’a plus les escaliers en colimaçon comme à Hagetmau. Ici, c’est neuf, donc c’est plus agréable à vivre ».
Brice Tran Trong, qui coordonne une équipe de 7 personnes (3 éducatrices spécialisées, une monitrice éducatrice, une accompagnatrice éducative et sociale et un animateur), salue « une infrastructure exceptionnelle en termes de qualité de travail et de relations avec le territoire ». Il faut dire que l’association L’Escale est bien connue en Pays Grenadois puisqu’elle y gère déjà, à Castandet, « La Pyramide », un accueil de jour de 18 places.
À Larrivière-Saint-Savin, le temps d’une salutaire déconnexion, « des enfants souvent handicapés de la vie viennent chercher réconfort, repos, et donner un sens à leur vie de citoyen », explique Jean Dufau, président de l’association. L’enrichissement éducatif est en effet au cœur du projet. « Notre métier, c’est le bien-être, le mieux-être », souligne M. Tran Trong. Visiblement, Kevin, Mathias et Fabio apprécient la variété des activités proposées : « ici, on peut faire plein de jeux de société, de la cuisine, du bricolage et même de la mécanique. On va au cinéma, au bowling, à l’escape game, au parc d’attractions ».
Soucieux de diversifier et de compléter l’offre de prise en charge des enfants suivis par l’ASE, le Département a activement soutenu l’installation de « L’Escale de vie » en se portant acquéreur de la bâtisse pour 344 000 €. « Nous portons l’investissement de ces hébergements, car les opérateurs n’ont pas toujours les moyens d’acheter les bâtiments, ce qui pourrait se répercuter dans le prix de la journée », justifie Xavier Fortinon. Le président du Conseil départemental insiste sur l’utilité de ces « séjours de rupture, dans un endroit différent (…) avec des taux d’encadrement adaptés », aussi bien pour les enfants que pour les familles et structures d’accueil qui peuvent « avoir besoin de souffler ». Pour son fonctionnement, la structure de Larrivère-Saint-Savin perçoit une dotation départementale de 289 000 €.
Quelques kilomètres plus loin, à Grenade-sur-l’Adour, une seconde inauguration met en lumière la problématique spécifique de l’accompagnement des enfants et jeunes sujets à une double vulnérabilité. La Maison d’Enfants à Caractère Social (MECS) « Les Grenadiers », gérée par l’ALGEEI (Association Laïque de Gestion d’Etablissements d’Education et d’Insertion), accueille 3 filles et 13 garçons, de 10 à 20 ans, placés et suivis par l’Aide sociale à l’enfance et qui souffrent de plus d’un handicap psychique ou autistique.
Ils sont répartis dans 2 villas, « Le Casse » et « Le Caluchet », acquises par le Département pour un montant total d’1,39 million d’euros. Le coût des investissements, notamment des nombreux travaux d’aménagement, s’élève à 740 000 €. Il est à la charge de l’ALGEEI qui a sollicité une aide de la collectivité. Quant au budget de fonctionnement de ces deux structures - environ 2,2 M€ -, il est très largement couvert par la dotation départementale.
« Le plus grand défi a été le recrutement », reconnait Daniel Panteix, président de l’ALGEEI : une équipe de 33 salariés ETP1 (moniteurs-éducateurs, pédopsychiatre, maîtresses de maison, veilleurs de nuit...) travaille pour ces 2 structures. Les profils des jeunes accueillis nécessitent un accompagnement au quotidien très important car il faut pouvoir faire face à toutes les situations. Aussi les dépenses de personnel représentent-elles 80 % du budget alloué.
Sur les deux sites, les grandes maisons, aux murs décorés de galets de l’Adour, dégagent une impression de sérénité et de quiétude. « J’aime bien ici, je peux être tranquille dans ma chambre, et je profite du jardin quand il fait beau », souffle Oscar, 13 ans, arrivé en mars. « Ces logements doivent respecter l’intimité des jeunes mais aussi la mise en place d’un esprit collectif », éclaire Daniel Panteix.
« L’idée est d’être dans une approche de type familial, quel que soit le handicap », ajoute Magali Dewerdt, directrice générale de l’ALGEEI, qui mesure déjà les premiers effets de cet environnement à la fois tranquille et relié à un réseau de soins de proximité : « les jeunes ont investi le lieu rapidement. On voit que les choses se sont progressivement apaisées ». Ryan, 11 ans, arrivé en août, s’y sent à son aise : « c’est agréable, on passe de bons moments entre nous et avec les éducateurs. On dessine, on construit, on va à l’extérieur. On a fait plein d’activités : piscine, parc d’attractions, bowling, magasin d’usine, cinéma ».
Xavier Fortinon tenait tout particulièrement à ces deux inaugurations en Pays grenadois : « la protection de l’enfance est une des compétences les plus méconnues du Conseil départemental au sein du grand public, parce que les personnes dont on s’occupe font le plus souvent partie des invisibles. C’est tout l’honneur d’un Département d’apporter des réponses adaptées à ces enfants ».
S’inscrivant dans la lignée de son prédécesseur Henri Emmanuelli, « qui avait été le premier en France à mettre en place un numéro vert pour l’enfance en danger », le président du Département a insisté sur les « moyens considérables » dédiés à ce domaine d’action : 60 M€, soit plus de 10 % du budget de la collectivité.
Xavier Fortinon se sent investi d’une responsabilité toute particulière à l’égard des 1 486 enfants placés dans les Landes pour qui « le Président du Département joue le rôle de père et de mère ». Il s’indigne des « coupes drastiques » de l’État et des carences dans la prise en charge des 348 enfants souffrant en sus de troubles majeurs du comportement : « on retrouve dans le champ de l’ASE des enfants qui devraient être dans celui de la pédopsychiatrie, et il n’est pas sûr que ce soit un service à leur rendre. On fait face malgré tout et c’est pour ça qu’on est amené à chercher des lieux et des partenaires nouveaux ».
1 ETP : équivalent temps plein
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