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27/11/2019
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Comment expliquez-vous le glissement de sens du concept de la laïcité ?
Dans chaque période de crise, il y a des replis sur soi et une augmentation des peurs qui peuvent conduire à une volonté de neutraliser les différences, en particulier quand elles émanent de minorités. Face à ces débats qui reviennent dans des périodes de crises marquées, il ne faut surtout pas légiférer sur l’émotion. Il est important de mettre en avant la raison et de pratiquer « une laïcité de sang-froid », selon la formule d’Aristide Briand. Le droit actuel est tout à fait suffisant. Encore faut-il le connaître et l’appliquer.
Quelles sont les actions principales de l’Observatoire de la laïcité ?
Nous considérons que rédiger de nouvelles lois est contre-productif. Nous conseillons le gouvernement sur des politiques publiques, en proposant des outils plutôt que des lois. Ainsi pour l’Éducation nationale, nous avons écrit la Charte de la laïcité et instauré l’enseignement laïc des faits religieux.
Nous avons également créé la Journée nationale de la laïcité le 9 décembre, jour anniversaire de la loi de 1905. Nous avons démultiplié partout les formations à la laïcité et nous les avons rendues obligatoires pour les aumôniers de tous les cultes et pour les ministres de toutes les religions venant de l’étranger exercer en France.
Nous avons abrogé le délit de blasphème qui existait encore en théorie en Alsace-Lorraine. Et notre site en ligne met à la disposition du grand public énormément d’informations utiles sur la laïcité.
Vous êtes personnellement partisan d’une vision juridique de la laïcité. Certains, au sein même de l’Observatoire, prônent une ligne plus offensive.
Après les attentats de 2015, le débat s’est porté sur le fait de créer ou pas de nouvelles lois. 3 membres sur 23 ont souhaité le faire pour étendre très largement l’application du principe de neutralité. Les 20 autres membres n’y étaient pas favorables, considérant que le droit actuel, s’il est bien appliqué, permet déjà de parfaitement encadrer la manifestation d’appartenance religieuse ou « convictionnelle ».
Vous plaidez beaucoup pour la mixité sociale.
S’il n’y a pas de mixité sociale, il y a de fait constitution de populations homogènes avec le risque d’une pression sociale et religieuse. Il faut absolument mélanger les communautés pour développer les interactions culturelles et sociales et ouvrir pour chacun le champ des possibles.
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