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05/07/2021
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Rocío Molina est une figure incontournable du flamenco contemporain, cassant les codes de la tradition, osant toutes les audaces. On l’a vue danser dans des costumes d’homme, avec une bouteille de vin attachée au pied ou encore enceinte de presque quatre mois. Elle n’hésite pas à aborder les thèmes les plus contemporains comme la chasse, la guerre, l‘homosexualité… Son exceptionnelle maîtrise technique est mise au service d’une inlassable recherche créative et poétique.
Avec Inicio (Uno), elle choisit l’épure et l’apaisement. Un décor minimaliste, quelques accessoires – deux éventails, une bassine d’eau, un drap blanc – lui suffisent pour transporter le public dans un univers poétique illuminé par la guitare de Rafael Riqueni.
Comment s’est faite la rencontre avec Rafael Riqueni ?
Rocío Molina : Comme je le lui ai dit, la guitare de Rafael Riqueni m’a accompagnée toute ma vie sans qu’il s’en doute. Pour toutes les œuvres que j’ai créées, la première chose que je faisais, c’était de poser une bouteille de vin sur la table et d’écouter tout le répertoire de Rafael Riqueni, les soleás, les siguiriyas, toutes ses interprétations, des plus classiques aux plus flamencas. Et à chaque fois, les larmes coulaient sur mon visage. Toute ma vie, j’ai vécu auprès de Rafael Riqueni sans qu’il le sache.
Ensuite, la première danse que j’ai effectuée après être devenue mère a été avec lui, lorsqu’il m’a invitée dans un de ses spectacles. J’y ai juste fait une petite apparition de cinq minutes. Mais, lorsque j’ai dansé avec lui, je me suis mise à trembler, un peu comme lorsque tu tombes amoureuse. Il m’a aidée dans mon processus de renaissance. Et nous voilà maintenant avec cette œuvre que nous avons créée ensemble, belle, tranquille, sereine, dans laquelle nous dialoguons avec sincérité, admiration et attention. Quand je danse avec lui, cela me rappelle lorsque je dansais enfant. Revenir à cet état, c’est le plus joli cadeau. Tous les deux, nous devenons tour à tour un enfant, une mère, un père dans cette relation affectueuse, naturelle et jolie.
Qu’est-ce-que cela change de danser dans un espace comme les arènes ?
Rocío Molina : Techniquement, cela oblige à mettre plus d’amplitude dans ses mouvements. Mais dans le cas de ce spectacle avec Riqueni, toute notre attention est tournée l’un vers l’autre. Peu importe si l’on joue dans des arènes ou dans une petite pièce. tout dépend de notre émotion réciproque et lorsque nous sommes connectés l’un à l’autre, nous touchons les étoiles.
Le film Impulso, qui a été projeté dans les cinémas landais durant le festival, relate la création du spectacle Caïda del cielo pour le Théâtre de Chaillot en 2016. Qu’est-ce-que cela raconte de vous ?
Rocío Molina : Impulso montre une partie de moi parce que toute ma trajectoire a été une constante transformation. Ce film saisit un moment de ma vie où j’ai atteint une sorte de sommet, notamment au niveau physique. Je ne parle pas d’un sommet comme un endroit qu’il faut atteindre. Mais je suis arrivée à ce pic. Et à partir de là, comme le titre du spectacle, Caïda del cielo, l’indique bien, il y a une chute libre, totale. Dans le film, on peut voir une Rocío très extrême, avec beaucoup de force physique, et même à un certain point autodestructrice. Alors que dans le spectacle de ce soir avec Rafael Riqueni, c’est tout le contraire, même si cela ne signifie pas qu’il y a moins de force à l’intérieur. Au moment de ma vie où Impulso a été tourné, qui date déjà d’il y a quelques années (en 2016), c’était comme une forme de fuite. Depuis, la guitare de Rafael Riqueni m’a emmenée dans un autre lieu où mon corps renaît sous l’effet de sa musique. Notre spectacle Inicio (Uno) est un peu comme une naissance.
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