Pierre-Johann Suc, le touche-à-tout culturel de la compagnie Androphyne

À la énième demande d'un particulier pour acheter un container et le mettre dans leur jardin en cabanon, Pierre-Johann Suc et Magali Pobel ont décidé de modifier le C en K et leur Container à Angresse est devenu le Kontainer, gardant toute l'essence des débuts, à savoir être un lieu culturel éclectique voué à la création et aux échanges.

Ils ont même fini par fusionner leur compagnie pluridisciplinaire Androphyne à cet espace hybride d'infusion des idées, à la fois coworking, studio d'enregistrement, résidence d'artistes, lieu de coproduction, d'expositions, et de festival via le Make Noise (Faites du bruit) et ses ateliers DIY (Do it yourself) pour fabriquer, entre autres, des guitares ou pédales de distorsion. Car le couple est aussi musicien : elle à la batterie, lui à la guitare avec leur groupe This will destroy your ears – du rock évidemment – qui vient de participer au dernier XL Tour, le dispositif départemental d'accompagnement des musiciens. Tous deux se sont rencontrés au Centre national de danse contemporaine d'Angers, Magali venant de Bourg-en-Bresse, Pierre-Johann de Tarbes.
« Petit, j'avais les genoux en dedans et on m'a conseillé de faire de la danse. J'ai donc commencé à 4 ans et j'ai trouvé très sympa d'être entouré de filles ! », dit-il avec son physique pas très petits rats de l'Opéra. « J'ai fait une couvade avec l'arrivée de nos jumeaux ! », rigole-t-il, mais de toute façon « on aime bien travailler avec des gens qui ont des physiques ou techniques un peu atypiques. Ils amènent des choses différentes en création de ce que peut apporter un danseur classique. »

C'est dans le Sud-Ouest que les danseurs-chorégraphes s'installent après Angers pour développer leurs propres projets artistiques. Et de vadrouiller entre Bayonne, Bordeaux (au Cuvier de Feydeau d'Artigues), le sud des Landes, Perquie, Bourdalat et Mimizan avec le Parnasse où ils testent « plein de nouvelles formes » : des ateliers dansés chez les gens ou sur la plage avec des matchs d'impro, une ouverture de spectacle avec l'équipe de rugby vétérans et un happening artistique lors d'un match.

Travailler avec des publics pas habituels, brouiller les cartes, investir l'espace public... comme quand ils inventent des faux professeurs en collège-lycée pour finalement parler fake news, qu'ils montent la Poupinière pour des projets de jeunes du territoire, qu'ils réfléchissent à un volet artistique avec des croque-morts, ou qu'ils pilotent, avec la compagnie Kaminari, le Bal des Judoka*, une création chorégraphique mêlant mouvements de danse et techniques du judo, à voir cet été à Soustons. « On tourne pas mal en France et en Europe, relève « Pierre-Yo ». Ce genre de projet aurait été plus compliqué ailleurs, mais dans les Landes, on sent une énergie de création et d'aide à la création. C'est très ouvert, on sent qu'on est soutenu. »

*Un projet porté par le Département, en partenariat avec Androphyne, MACS, Soustons et le Comité départemental de judo