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22/06/2022
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Charcuteries, volailles, conserves d’axoa ou de confit, légumes bio, huiles, fromages, yaourts, pastis landais et même graines de chanvre… En ce mercredi 15 juin, le préau du collège Jean-Rostand de Tartas a de furieux airs de marché de producteurs locaux. Autour des étals, des acheteurs de la restauration collective discutent avec des agriculteurs et des transformateurs, venus des Landes et alentours. C’est le principe même d’Agrilocal40, la plateforme numérique de mise en relation dont le Département est adhérent depuis 2015, qui trouve ici sa reproduction en conditions réelles.
Avec son Projet alimentaire départemental territorial « Les Landes au menu ! », la collectivité souhaite répondre à la demande des consommateurs tout en structurant les filières agricoles locales. Agrilocal40 est un des piliers de cette boîte à outils partenariale au service de la restauration collective publique, qui représente 12,8 millions de repas annuels servis à 56 200 convives dans 480 établissements (maternelles, écoles, collèges, lycées, EHPAD, hôpitaux…).
Les chiffres, impressionnants, résument bien l’enjeu pour le Département, selon Dominique Degos, vice-présidente déléguée à l’Agriculture et à la Forêt : « nous devons être les promoteurs d’une démarche de proximité et de qualité, d’autant que le bien-manger local génère des retombées économiques qui restent dans le territoire ». Et l’élue de Tartas de rappeler, à toutes fins utiles, que « la plateforme est un outil gratuit pour ses utilisateurs, qu’ils soient fournisseurs ou acheteurs ».
Parmi la centaine de participants au salon de Tartas, Vincent Lassalle est comme un poisson dans l’eau : « je travaille déjà avec les ¾ des producteurs présents ». Ce responsable de production du collège Jean-Claude-Sescousse de Tyrosse est un habitué des animations proposées tout au long de l’année par Agrilocal40. Il fait également partie de la 3e promotion de cuisiniers de la restauration publique landaise à candidater au label « Ecocert en cuisine », visant, par le biais de formations et d’audits, à introduire plus de frais, de bio et de végétal dans les menus. Le chef tyrossais est donc heureux de cette occasion d’échanger avec les fournisseurs : « on leur donne nos retours et nos besoins, on peut discuter sur les volumes et les produits. Par exemple, les Fermiers Landais vont me donner leur listing de découpe, ça va me permettre d’essayer d’autres choses que ce que je leur prenais habituellement ».
Depuis la 1re édition du salon, qui avait eu lieu en 2019 à Saint-Paul-lès-Dax, de nouveaux acheteurs sont apparus. C’est le cas de Véronique Gleyze, maire de Pouydesseaux et vice-présidente de Mont-de-Marsan Agglo. À ce titre, elle fait partie d’un groupe de travail destiné à introduire le circuit court dans les cantines de 2 écoles pilotes, Saint-Perdon et Pouydesseaux. Venir à Tartas lui permet de « découvrir des producteurs et d’échanger avec des acheteurs publics pour recueillir des conseils, éviter les embûches au départ et aller plus vite dans notre démarche ».
Cet engouement croissant pour le circuit court et le bio, Julien Saint-Palais, directeur d’Oléandes, l’attribue notamment à la loi EGalim, entrée en vigueur le 1er janvier 2022. Elle impose aux services de restauration collective de proposer au moins 50 % de produits de qualité et durables, dont au moins 20 % de produits biologiques, et d’élaborer au moins un menu végétarien par semaine. « Clairement, cela a été une aubaine, nous avons eu plus de contacts et de nouveaux clients », dit ce producteur d’huile de colza et de tournesol qui fédère 95 agriculteurs dans un rayon de 40 km autour de Mugron.
Rien d’étonnant à le voir tenir un stand au salon, puisqu’il est un des pionniers d’Agrilocal40, s’étant positionné dès la phase de test en 2016 auprès des collèges de Tartas et de Rion-des-Landes. Depuis 2017 et l’extension de la plateforme à l’ensemble du département, il livre une dizaine d’établissements et de collectivités : « Agrilocal nous facilite les choses pour répondre aux appels d’offres qui étaient jusqu’alors plutôt réservés aux grossistes. L’outil sécurise la commande des acheteurs publics et nous donne un couvert juridique pour postuler en toute légalité ».
Le petit marché installé au collège de Tartas témoigne également d’une diversification de l’offre agricole, à l’image de l’association Chanvre des Landes, créée en 2019 à Saint-Julien-en-Born et rassemblant producteurs, transformateurs, distributeurs et consommateurs de cette plante de plus en plus en vogue. Térence Domer-Marie, directeur général, énumère aux visiteurs le surprenant éventail de ses produits : graines caramélisées à l’ail pour agrémenter des salades, fromage, tofu, saucisse et même baguette de pain. « On a fait un premier test avec la cantine scolaire de Mézos et l’objectif, ici, est de trouver de nouveaux débouchés », explique-t-il.
Juste à côté, Lucie Ouvrard, coordinatrice de la Coopérative du Born, présente cette légumerie, nouveau fournisseur d’Agrilocal40 depuis 6 mois : « cela nous permet de proposer un prix acceptable pour la collectivité parce que la plateforme implique une mise en concurrence entre les fournisseurs. On a de plus en plus de demandes après notre participation à la semaine Agrilocal « Au pré de la ferme », qui nous a fait travailler avec de nouvelles collectivités ».
De l’autre côté du préau, Christine Samadet, de la Maison Samadet à Saint-Sever, qui transforme de la viande de porc en produits frais, salaisons et conserves, avoue s’être réinscrite depuis le début de l’année sur les conseils de ses enfants, « parce que c’est un outil de leur génération ». Si elle aimerait que le motif des refus soit notifié dans les réponses, elle considère que la plateforme lui offre « une visibilité de la commande » : « les appels d’offres sont clairs et je vois parfaitement si je peux y répondre ou pas, en fonction de mes volumes et de mon calendrier de production ».
Le marché s’interrompt quelques instants, le temps de la remise des trophées Acheteurs Agrilocal40 2022, qui récompensent les restaurants moteurs de la plateforme. « Les cuisiniers de restauration collective méritent d’être sur le devant de la scène et d’être reconnus en tant qu’acteurs d’une recherche de qualité », insiste Dominique Degos.
Le classement est établi en fonction du chiffre d’affaires 2021, au prorata du nombre de convives et du taux de participation aux opérations Agrilocal40. Le trophée de bronze échoit au collège Félix-Arnaudin de Labouheyre tandis que l’argent revient à 3 structures : la commune de Morcenx-la-Nouvelle et les collèges Lubet-Barbon à Saint-Pierre-du-Mont et Jean-Rostand à Tartas. Le grand vainqueur du Trophée Or est la commune de Tercis-les-Bains. Une distinction qui ravit évidemment Naty Peyrou, élue en charge de la cantine scolaire.
Cette infirmière de formation confie s’être penchée sur la question de l’alimentation « parce que ça correspondait à une de mes sensibilités personnelles et parce que c’est une forme d’éducation à la santé. On fait découvrir aux écoliers les différents légumes, les saisonnalités et la notion d’équilibre alimentaire ». Elle souligne avec satisfaction que la part du bio dans les menus s’élève à 26,6 % et rend hommage à Pascale, la cuisinière : « elle s’investit à 100 % dans l’évolution des repas, dans le bien-manger et dans le plaisir des enfants, car c’est ça le plus important ».
Agrilocal40 en chiffres
115 acheteurs publics
216 fournisseurs locaux
287 tonnes de produits commandés en local et en circuit court (depuis 2017), dont :
- 102 t de viande
- 118 t de produits laitiers
12 %, la part du bio dans les transactions sur la plateforme en 2021 (contre 7 % en 2020)
Pour aller plus loin
Les sites du département