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15/03/2023
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Michel Audiard disait : « quand les types de 130 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent ». Ludovic Orlando est loin de peser lourd, si ce n’est en diplômes, mais quand il parle, il vous subjugue, vous transporte et vous fait voyager dans le temps. Il est directeur et fondateur du centre d’anthropobiologie et de génomique de Toulouse, au sein du CNRS. Et pendant six ans, il a dirigé le programme européen PEGASUS.
L’objectif ? « Arriver à séquencer les informations génétiques de milliers de chevaux et comprendre énormément de choses sur les animaux. Avec leur ADN, vous pouvez décrypter des caractéristiques précises comme leur couleur, leur taille, leur pas, leur variété…mais cela permet aussi de comprendre les manières de chasser de l’homme préhistorique pour savoir s’ils chassaient plutôt les animaux d’une même famille ou bien des chevaux seuls par exemple… » explique le chercheur.
Parmi les 8 000 échantillons que ses équipes et lui ont eu à analyser, certains venaient de la grotte Duruthy, sur la commune de Sorde-L’Abbaye. Des mandibules (dents et mâchoires) de chevaux vieux de 17 000 ans conservés au musée départemental de l’abbaye d’Arthous. De ces échantillons, il a prélevé une infime partie (entre 100 et 400 milligrammes sur des mandibules pouvant peser jusqu’à trois kilos) afin de reconstituer leur génome. « Nous avons trouvé de l’ADN exploitable de cinq chevaux, dont trois femelles, détaille Ludovic Orlando. Mais la quantité d’ADN est tellement infime et abîmée que nous arrivons à la limite de ce que sait faire la technologie à ce jour. Mais d’ici cinq ans, ça peut changer ».
Si l’ADN des chevaux landais n’a, pour l’instant, pas permis de découverte majeure, le reste du programme a lui été une réussite fantastique. Ludovic Orlando toujours : « sur PEGASUS, on a été béni, on a eu beaucoup de chance en découvrant même plus que ce qu’on cherchait. En recherche, on a besoin de financements, de technologies mais aussi parfois de chance. Et en l’occurrence, nous avons découvert que l’âne a été domestiqué 3 000 ans avant le cheval. Le cheval, c’est le dernier animal que l’homme ait réussi à domestiquer, il y a seulement 4 200 ans ».
Ça aussi, c’est une découverte de Ludovic Orlando dans le cadre de ses recherches. Et de poursuivre : « la domestication du cheval, en Russie occidentale, c’est l’iPhone de l’époque. Une fois le cheval domestiqué, tout a changé, tout s’est accéléré. Cent ans plus tard, il était présent au Kazakhstan, 500 ans plus tard, déjà au Portugal ! Le cheval est l’animal le plus important de l’humanité. De sa domestication à l’ère industrielle, notre monde a été façonné par le cheval ».
Des recherches et des découvertes majeures auquel le Département n’est pas étranger puisqu’il a permis au chercheur de travailler sur sa collection. Delphine Haro-Gabay est responsable du site départemental de l’abbaye d’Arthous : « en tant que musée, nous avons le rôle de conserver les collections bien sûr mais aussi de faire avancer les connaissances et la recherche. C’était donc naturel de faciliter l’accès à nos collections aux équipes de Ludovic Orlando ».
Ce dernier acquiesce : « nous avons été extrêmement bien accueillis à Arthous, avec un intérêt réel pour nos recherches, de l’aide, de la curiosité ». Le chercheur d’origine marseillaise l’a bien rendu car une de ses photos de sculpture de cheval issue de la collection d’Arthous s’est retrouvée en Une de la revue scientifique référence Nature, dans laquelle il a publié plusieurs articles sur le programme PEGASUS.
Pour finir de dresser le portrait d’un chercheur exceptionnel, il convient de préciser qu’il vient de recevoir la médaille d’argent du CNRS. Et alors que la Villa Mirasol de Mont-de- Marsan vient de décrocher sa première étoile au Michelin, on ose la comparaison : « la médaille d’argent, ça serait plutôt deux étoiles au Michelin », sourit-il. Et les trois étoiles alors ? « Le prix Nobel »…
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