ALOé, l’électricité par les citoyens pour les citoyens

Et si, face à l’urgence climatique, les citoyens se prenaient en main ? La démarche est devenue courante dans le nord de l’Europe. Ainsi en Allemagne, 43 % des capacités renouvelables électriques sont détenues par les citoyens et les agriculteurs. En France, de telles initiatives demeurent encore marginales mais les mentalités évoluent peu à peu. Dans le territoire Pays Adour Landes Océanes¹, le collectif ALOé (pour Adour Landes Océanes énergie) a été créé en mai 2021 sur un axiome simple, résumé par François Le Frêche, son président : « il n’y a pas de petit geste, pas de petit effort. En tant que citoyen, on peut donner du temps et un peu de ses économies pour contribuer au développement des énergies renouvelables ». 

Au départ, les 26 pionniers, habitants de Capbreton, Soustons, Saint-Paul-lès-Dax, Tarnos, Angresse, etc., avaient investi un total de 25 000 €. Presque quatre ans plus tard, en février 2025, le collectif compte 103 actionnaires pour un capital de 94 000 €. « Notre priorité est de mobiliser de plus en plus d’épargne citoyenne et de convaincre toujours plus d‘investisseurs », indique M. Le Frêche. « On a un fonctionnement inspiré des sociétés coopératives. Une action vaut 50 euros mais celui qui en possède une seule a autant de pouvoir que celui qui en détient 50. L’argent investi par un citoyen lui est restitué au bout de 5 ans », ajoute le Breton de naissance, arrivé dans les Landes en 2018.

Au capital d’ALOé, figurent aussi Énergie Partagée Investissement – le levier financier de l’association Énergie Partagée qui fédère les collectifs citoyens en France – et des collectivités locales. « Le soutien financier de la Communauté de communes Maremne Adour Côte-Sud (MACS), qui s’est engagé jusqu’en 2027 à hauteur de 10 % du coût de chaque projet, a été décisif pour nous », note le président de l’association. L’ADEME (Agence de la transition écologique) et la Région subventionnent également les études et certains investissements.

Pour les « coproducteurs » d’ALOé, les actions en faveur du renouvelable doivent être accompagnées de deux préalables indispensables : la sobriété énergétique, c’est-à-dire la réduction de la consommation , et l’efficacité énergétique, qui passe par une meilleure isolation des bâtiments.

Quant au choix du type d’énergie renouvelable, les spécificités climatiques des Landes font que les panneaux solaires photovoltaïques sont le gisement d’électricité le plus prometteur. « On veut se concentrer sur les espaces artificialisés, comme les parkings et les toitures, plutôt que de défigurer la nature et la forêt », souligne François Le Frêche. 

La collectivité propriétaire des bâtiments assure 10 % du financement. ALOé prend en charge le reste de l’investissement par son actionnariat citoyen, des subventions et des emprunts. Le collectif vend l’électricité produite à EDF Obligation d’achat ou à Enercoop à des tarifs garantis pendant 20 ans. Les acheteurs s’engagent à diffuser l’électricité au plus près, en circuit court. « Démultiplier les sources de production pourra garantir une résilience du territoire Adour Landes Océanes face à d’éventuelles crises énergétiques ou ruptures de réseaux », ambitionne M. Le Frêche.