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14/04/2023
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Jean-François Dufresne est intervenu le 7 avril à la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) à Mont-de-Marsan dans le cadre des Rendez-vous landais de l’autisme. L'ex-directeur général du groupe Andros, espère développer son association dans les Landes avec des entreprises d'ici.
Comment tout ceci a démarré ?
Jean-François Dufresne : C'est, au tout départ, un refus d’accepter ce que me disait les gens qui soi-disant s’y connaissaient en termes d’autisme dit sévère, ce qui ne veut rien dire mais quand je dis ça, les gens comprennent. Ce sont des autismes très peu verbaux avec une déficience intellectuelle et c’est le cas de mon fils, Luc. Le déclencheur de tout ça porte donc un nom. Quand il a atteint ses 20 ans, on m'a dit qu'il devait aller en foyer d’accueil médicalisé. J’ai visité ces foyers, la visite m’a convaincue qu’il n’était pas question que mon fils aille là-dedans. C’est la prison à perpète sous camisole chimique. Il pouvait faire autre chose...
Je suis industriel, j'étais à la direction d'Andros et j'ai été soutenu par mon président pour lancer une expérimentation dans une de nos usines. Mais il ne suffit pas de faire travailler les autistes, il faut leur apprendre la vie, apprendre à compter, payer son loyer, laver son linge, aller à la médiathèque, les rendre plus autonomes. Nous avons donc créé cette école de la vie avec des encadrants spécialisés, ça a marché bien au-delà des espérances. Les autistes sont très heureux, ils progressent de façon incroyable et l'entreprise est ravie de leurs services. Ce n'est pas le dispositif qui est extraordinaire, ce sont eux qui sont extraordinaires avec leurs compétences, il suffit de créer les conditions pour qu’ils les expriment.
Quel type d'emploi occupent-ils dans ces usines ?
Jean-François Dufresne : Ils sont opérateurs de production à des postes indispensables au fonctionnement de l’entreprise, au milieu des autres ouvriers. Il faut des emplois qui ne génèrent pas de stress et toujours anticiper les problèmes. Par exemple, en cas de chaîne qui s’arrête ou d'une alerte incendie, ils peuvent paniquer mais s'ils sont préparés et qu'on les habitue aux changements possibles, tout se passe très bien. Ils mettent une ambiance formidable, ils sont heureux de travailler. L’ensemble du corps social est ravi et fier d'avoir ces personnes dites inemployables.
Quels aménagements sont nécessaires pour mener à bien leur mission ?
Jean-François Dufresne : Cela implique des aménagements surtout visuels. A chaque tâche, on fait le guide de montage comme un meuble Ikea, avec des successions d’images. Les éducateurs qui les encadrent font ces didacticiels finalement très utiles à tous si bien que la direction a décidé de les étendre : quand un intérimaire arrivait, il lui fallait plusieurs jours pour être efficace, grâce à ça, il est prêt en quelques heures.
Comment avez-vous dupliqué le dispositif ?
Jean-François Dufresne : Beaucoup pensaient que les entreprises ne voudraient jamais. Elles ont toujours bon dos les entreprises ! Mais à chaque fois que j'en visite une, j’ai 80 % de « oui » sauf que les gens ne savent pas comment faire sur l'encadrement des autistes, le lieu de vie, les animations, etc. Nous sommes donc devenus des consultants en intégration d'autistes sévères en entreprise. Nous avons convaincu LVHM, Barilla, L’Oréal... des entreprises emblématiques pour montrer l'exemple. Ça a été un succès incroyable. Trois Premiers ministres et un président de la République, François Hollande, sont déjà venus voir notre petite association de 11 personnes, créée en 2014.
Est-ce un dispositif adaptable à des PME ?
Jean-François Dufresne : Ça commence à bouger, nous avons notamment un projet PME dans l'Allier, avec des autistes qui travaillent dans un grand fast-food à la préparation de pizzas ; ça peut être avec une petite menuiserie ou ailleurs, du moment qu'il y a des travaux répétitifs car les autistes ont une grande capacité à répéter des tâches en restant très concentré et sans que ce soit lassant. Il faut pouvoir en même temps monter notre lieu de vie associé.
Des entrepreneurs landais sont-ils intéressés par votre démarche ?
Jean-François Dufresne : Nous avons la volonté de nous installer dans le Sud-Ouest, et notamment dans les Landes, ce serait formidable, avec déjà le soutien du Conseil départemental et de l'ARS (Agence régionale de santé). Nous avons commencé à approcher des entreprises, il faut être patient. Ça débute par de la sensibilisation d'où ma venue ici lors de ces journées de l'autisme pour expliquer la démarche à des entrepreneurs. Aux États-Unis, le taux d'emploi des autistes est estimé à environ 50 %, le même type d'estimation en France, donne un taux de 5 %... Or, le travail et l’apprentissage en règle générale est, pour eux, un épanouissement exceptionnel.
Le saviez-vous ?
Retrouvez en vidéo les temps forts de ces 2 journées sur la chaîne Youtube du Département.
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